L’humoriste canadienne Katherine Ryan amène son cinquième spectacle, Missus, sur les planches à Montréal. Une rare occasion, pour celle qui réside en Angleterre depuis des années, de jouer dans son pays natal. Entrevue.

Q. Vous présentez depuis près d’un an le spectacle que vous allez offrir à Montréal. Comment cela se passe-t-il ?

R. C’est vraiment super. Ça fait 11 mois que je suis en tournée. Et j’ai un bébé qui a eu 13 mois récemment. C’est excitant d’être de retour sur la route après la pandémie, mais c’est plus difficile que je le pensais de le faire avec un bébé dans les bras. […] Biologiquement, c’est plus dur que si j’étais son père. Mais je ressens beaucoup de gratitude. Je me rappelle que les gens ne viendront peut-être plus me voir un jour, alors je continue tant que je le peux, en me rappelant la chance que j’ai.

Q. Ce n’est pas votre première fois à Montréal, vous qui êtes originaire de Sarnia, en Ontario. Comment décririez-vous ce « retour à la maison » ?

R. J’adore pouvoir jouer au Canada. D’ailleurs, je parle français. [En passant à la langue de Molière :] Je suis allée à l’école en français jusqu’à mes 12 ans, donc je parle aussi bien qu’une enfant de 12 ans ! Mais j’adore pouvoir le pratiquer. […] Mais, pour répondre à ta question, je ne suis pas souvent invitée au Canada, donc c’est super de pouvoir être ici.

Q. Pourquoi ne vous invite-t-on pas ?

R. Je ne pense pas que l’industrie est aussi en mouvement au Canada qu’au Royaume-Uni. Là-bas, il y a cette grande culture des pubs. Il y a aussi une partie de ça au Canada, mais à part pour Just for Laughs, je n’ai pas beaucoup d’occasions d’y revenir.

Q. Missus est votre cinquième spectacle depuis 2016. De quoi y parlez-vous ?

R. J’ai à peu près le même style et la même vision qu’avant, même si, comme tout le monde, j’ai évolué du côté créatif. Dans les premiers spectacles, je discutais du fait que je ne voulais plus jamais être en couple et du fait d’être mère de famille monoparentale [ndlr : elle a une jeune fille d’une première union]. Mais entre-temps, je suis retournée dans la ville où j’ai grandi, j’ai recroisé mon amour de jeunesse et maintenant on est mariés et on a un bébé. Alors pour ce spectacle, je parle de ça : ma nouvelle vie de femme mariée.

Q. Vous n’hésitez jamais à prendre la parole sur le fait d’être une femme dans le milieu du divertissement [ndlr : elle a récemment révélé avoir menti sur sa grossesse pour ne pas perdre son emploi à la télévision] ou sur les inconduites dans l’industrie de l’humour. Sentez-vous que le vent tourne ?

R. Je pense que ça s’améliore, que ce soit pour les femmes ou les minorités ethniques, par exemple. Mais il y a encore cette tendance à vouloir rabaisser les femmes, qui vient beaucoup des autres femmes, d’ailleurs. […] De manière générale, je n’ai pas beaucoup à me plaindre, car j’ai atteint un statut privilégié. Mais ça reste important de parler de ces choses pour les femmes qui ne sont pas dans ma position. Je sais comment c’était et je ne veux pas l’oublier.

Q. En plus d’être humoriste et animatrice télé, vous avez écrit la série de Netflix The Duchess et y avez joué. Cela a-t-il toujours été un objectif pour vous de mener parallèlement une carrière d’actrice ?

R. Tout ce qui est arrivé dans ma vie s’est un peu présenté au gré des choses. Ça a été le cas avec The Duchess. J’ai beaucoup de chance d’avoir pu faire cette série humoristique. On n’avait jamais vu à la télé l’histoire d’une mère seule qui est heureuse de l’être. Je ne sais pas si tu suis les Kardashian, mais c’est un peu leur histoire. Kim, Khloé et Kourtney sont des Duchess, qu’elles le sachent ou non !

Q. Vous parlez des Kardashian et il est évident que votre humour fait beaucoup référence à la culture pop. Quelle est son importance dans votre vie et vos inspirations ?

R. À mes débuts, j’ai voulu tout de suite parler de culture pop, mais on m’a déconseillé de le faire parce que c’était de mauvais goût. J’ai fini par y revenir. J’en parle parce que je l’aime et je sais que c’est de cette façon que les gens vont le recevoir. J’ai de la chance que beaucoup de femmes et de gais apprécient ce que je fais ! [rires]

Q. Qu’avez-vous appris grâce à tous ces projets que vous menez [dont une série sur Amazon, Backstage With Katherine Ryan] ?

R. J’ai appris à mener mes propres projets, à être la boss sans être perçue comme la bitch. C’est difficile lorsqu’on est une femme. Mais il faut faire entendre nos voix, ne pas avoir peur de le faire. Même moi, j’ai encore à apprendre dans ce domaine.

À la Maison Théâtre les 29 et 30 juillet. Elle participera également au gala 40e anniversaire de Just For Laughs au Théâtre Maisonneuve le 30 juillet.

Consultez la page du spectacle