Baptême de feu mercredi soir pour Pierre-Yves Roy-Desmarais, qui animait son tout premier gala Juste pour rire, pile pour les 40 ans du festival. Pour marquer le coup, l’humoriste s’était entouré d’une brochette d’amis choisis, plus ou moins connus, aux numéros archi-variés, quoiqu’un brin inégaux. Mais qu’importe : le public n’a pas boudé son plaisir, et tous ont été chaudement salués.

Pour cause : c’était, à 18 h tapantes, la toute première fois en deux ans que Juste pour rire avait ici droit à un gala « conventionnel », dit « garni ». Tout garni, au maximum de sa capacité, vous l’aurez compris. Et les spectateurs du Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts semblaient franchement heureux d’être enfin si nombreux à applaudir bruyamment, en ovationnant carrément chaque humoriste.

Gros coup d’envoi, avec ce numéro d’ouverture, mettant en scène l’animateur chouchou, sacré découverte de l’année au Gala Les Olivier – entre autres, et il ne s’est pas privé de nous le rappeler. Coiffé d’une tuque rouge, aux sons des rythmes hip-hop des frères de la Famille Ouellette, Pierre-Yves Roy-Desmarais (PY pour les intimes) s’en est donné à cœur joie en dansant et en chantant énergiquement, osant quelques rimes aussi salaces qu’absurdes, qui ont bien fait rire le public, de tous les âges, d’ailleurs.

Mention spéciale à ses invités surprises, Élyse Marquis et Jay Du Temple, sans oublier Matthieu Pepper (en début puis en fin de spectacle, dans une vidéo surréaliste enregistrée), le timide souffre-douleur de la soirée.

Pierre-Yves Roy-Desmarais a de l’énergie à revendre, on le sait. Il déplace de l’air, et ce numéro n’a pas fait mentir sa réputation.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Pierre-Yves Roy Desmarais

Cela dit, tout le reste de ce premier gala (d’une série de deux, l’un à 18 h, auquel assistait La Presse, l’autre à 21 h), l’humoriste s’est fait nettement plus discret, se contentant de présenter (certes énergiquement) ses invités (pardon, ses « amis »), du côté droit de la salle.

Peut-être se gardait-il de l’énergie pour le second spectacle ? Dommage, on en aurait pris davantage.

Cela dit, les numéros qui ont suivi ne nous ont pas déçus. Au contraire, plusieurs belles découvertes sont à noter. Pierre-Yves Roy-Desmarais a d’abord laissé le micro à Charles Pellerin, très touchant avec son numéro d’autodérision sur sa maladie, l’alopécie (perte de cheveux et de poils). Étonnant choix pour lancer la soirée, mais pourquoi pas. « Tout le monde pense que j’ai le cancer, mais non, j’ai juste le look. »

Changement de registre, ensuite, avec la tiktokeuse Mégan Brouillard (et l’invitée surprise : Chantal Machabée !), qui surfe plutôt sur le hockey, plus précisément le hockey féminin. Et disons que le sport a peut-être trouvé en elle sa meilleure porte-parole. À la fois crue et baveuse, féministe, un peu, beaucoup, puis pas du tout, la jeune humoriste en a long à dire sur le sujet.

Coup de cœur pour David Beaucage, qui a décroché une série de gags sans liens ni queue ni tête, et qui a surtout réussi à faire rimer Greta avec Karla Homolka. Il faut le faire.

« Ils sont bons, mes amis, hein ? », a glissé ici l’animateur. Affirmatif.

Sentiments mitigés, toutefois, pour le numéro d’Alexandre Forest qui a suivi, un « mononcle » autoproclamé, qui a au moins le mérite de détourner les blagues de « mononcles ». Marylène Gendron s’est quant à elle d’abord lancée dans quelques blagues de fesses un peu convenues, avant de s’enligner dans un filon plus prometteur, du côté de sa relation d’amour-haine avec la nourriture. Sa « pièce de théâtre » à la commande à l’auto du McDo va nous faire rire longtemps.

Yacine Belhousse, invité français de Pierre-Yves Roy-Desmarais, n’a ensuite décroché que quelques sourires ici et là, et on comprend pourquoi : son numéro sur ses milliardaires les moins préférés (Batman, vraiment ?) s’étirait en longueur et manquait franchement de rythme.

Heureusement qu’est arrivé ensuite Adib Alkhalidey, le clou de la soirée, sans contredit le numéro le plus fort (et le plus pété) de ce premier gala.

En quelques minutes, l’humoriste à la barbe archi-touffue a réussi à nous transporter dans sa campagne adoptive, et son village de « psychopathes », où il vient de déménager. Et lui, comment va-t-il ? Rien à signaler, à part qu’il est accro aux biscuits et qu’il parle aux arbres. Il faut l’entendre imiter les renards. On dirait des « sans-abri qui se font assassiner ». Disons qu’on devine que la nature ne l’a pas trop calmé. Et c’est tant mieux. D’ailleurs, avis aux intéressés : l’humoriste sera de tous les galas.

À noter que la série des galas (à raison de deux galas différents par soir) se poursuit ce jeudi soir (le 21 avec, à l’animation, Phil Roy et Roxane Bruneau), vendredi (le 22, avec Richardson Zéphir et Eddy King) et samedi (le 23, avec Rosalie Vaillancourt).

Consultez le site du festival