Pierre-Yves Roy-Desmarais est un des humoristes les plus singuliers et prometteurs de sa génération. Il en a fait la preuve mercredi à L’Olympia de Montréal, où il a présenté son premier spectacle solo, Jokes Chapeau Maman Magie Piano.

312 jokes

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Pierre-Yves Roy-Desmarais varie ses numéros de sorte qu’on ne s’ennuie jamais. Sa façon de présenter son humour est inventive.

Pierre-Yves Roy-Desmarais est débordant d’énergie. Il ne permet aucun moment où l’on n’a pas, au moins, le sourire aux lèvres. Même lorsqu’il se désaltère ou lorsqu’il se déplace d’un bout à l’autre de la scène, il nous fait rire. Sa gestuelle est exubérante, ses mimiques à elles seules déclenchent l’hilarité. C’est tout un personnage qu’il nous présente. Il varie ses numéros de sorte qu’on ne s’ennuie jamais. Sa façon de présenter son humour est inventive. Il mise sur un spectacle éclaté, qui parfois s’approche d’une prestation théâtrale, pour ensuite se changer en un bon vieux numéro de stand-up, avant de se déployer en une interprétation musicale. Il l’annonce dès le départ, on a droit à 312 jokes lors de cette soirée avec lui. Aucune ne tombe à plat… sauf la fois où il amène volontairement le malaise pour créer une situation propice à l’un des meilleurs numéros musicaux de la soirée.

Chapeau !

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Dans le premier spectacle solo de Pierre-Yves Roy-Desmarais, tout est ficelé de main de maître.

Si on se retrouve face à des éléments de décor tout à fait élémentaires pour un spectacle d’humour (le micro, le tabouret, la bouteille d’eau), le grand piano à queue en plein milieu de la scène nous indique que ce ne sera pas un spectacle comme les autres. Et c’est là la grande force de l’humoriste de 27 ans : personne ne donne de prestation comme la sienne. Au-delà de l’amalgame des genres, il nous surprend en prenant le risque d’amener son numéro là où on ne l’attend pas. Plusieurs fois, le public est surpris (et plié de rire) lorsque l’humoriste passe d’un monologue à un numéro complètement loufoque sans crier gare. Il nous déstabilise lorsqu’il frôle l’absurde, il nous tient en haleine lorsqu’il garde la chute d’une blague en suspens pendant un numéro musical, il déplace tellement d’air qu’on ne s’étonne pas de le voir à bout de souffle plusieurs fois durant la soirée. Tout est ficelé de main de maître.

La maman (et le papa et les tantes et les grands-parents)

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S’il fait preuve de beaucoup d’originalité pour ce tout premier spectacle, Pierre-Yves Roy-Desmarais ne contourne pas l’occasion de se présenter, comme le font la plupart des humoristes à cette occasion.

S’il fait preuve de beaucoup d’originalité pour ce tout premier spectacle, Pierre-Yves Roy-Desmarais ne contourne pas l’occasion de se présenter, comme le font la plupart des humoristes à cette occasion. Il commence avec son nom, continue en parlant de sa famille, à laquelle il revient souvent. Il parle de ses manies, il raconte des moments de son enfance, de ses études en musique au cégep. Quand il est question de sa famille (et à quelques autres occasions), il se lance dans des imitations toujours tordantes. Il crie, grimace, gesticule, se met en scène, et on aime ça. Quand vient le moment d’improviser, lors d’interactions avec le public, Pierre-Yves Roy-Desmarais ne s’engage que lorsqu’il est certain de pouvoir livrer un punch. Quelques fois, donc, il ne pousse pas l’échange. À la toute fin du spectacle, en revanche, on se rend compte qu’aucune interaction n’a eu lieu pour rien et il nous montre (en chanson) qu’il s’en sort très bien dans l’art de l’improvisation.

Moments de magie

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Pierre-Yves Roy-Desmarais ne donne pas dans le feu roulant de gags.

Il se passe tant de choses dans ce spectacle qu’on peine à comprendre comment tout ce contenu s’imbrique dans moins d’une heure et demie. Pourtant, on n’en sort pas avec l’impression que l’humoriste en a trop fait. Pierre-Yves Roy-Desmarais ne donne pas dans le feu roulant de gags. Il maintient un rythme décousu qui lui rend service. Il se permet de raconter des anecdotes qu’il prend le temps d’installer, sans que ça ne soit qu’un long numéro où l’on se fait raconter une histoire drôle. Il sollicite son public, même lorsqu’il ne parle pas à un spectateur en particulier. Il utilise habilement les silences. Pierre-Yves Roy-Desmarais maîtrise son art. Mentionnons ici le bon travail d’un de ses camarades de l’École nationale de l’humour : en première partie du spectacle, Sam Boisvert s’en est très bien sorti lui aussi. Celui venu présenter « deux, trois jokes avant un humoriste bien meilleur » que lui a déclenché quelques francs éclats de rire.

Le piano et la musique

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La musique fait partie intégrante de l’offre de Pierre-Yves Roy-Desmarais.

Nous l’avons dit plus haut, la musique fait partie intégrante de l’offre de Pierre-Yves Roy-Desmarais. C’est ce qui le distingue, c’est ce qu’il fait le mieux. Il est bien connu pour ses chansons humoristiques, et son spectacle ne pouvait s’en passer. Sans porter préjudice à la fluidité de sa performance, il s’assoit donc très souvent au piano, parfois pour appuyer ses propos précédents en musique, d’autres fois pour nous amener complètement ailleurs. C’est un bon pianiste, un chanteur tout à fait décent, et ses blagues en musique sont souvent ses plus réussies. Ce filon qu’il tient promet de nous faire rire longtemps. Humoriste de son temps, Pierre-Yves Roy-Desmarais est populaire sur les réseaux sociaux. Mais son humour se transcrit tout aussi bien en spectacle. Celui qui se fait un nom dans le monde de l’humour depuis quelques années mérite amplement sa place sur la grande scène de L’Olympia (et celles qui suivront lors de sa tournée), face à un public qui l’a salué debout. On se languit déjà d’en voir plus.