(Genève) Le polémiste Dieudonné, condamné en France à de nombreuses reprises pour injures raciales ou incitation à la haine, comparaît lundi à Genève pour des propos négationnistes qu’il aurait tenus lors de spectacles en Suisse en 2019.

Dieudonné M’Bala M’Bala, 55 ans, est arrivé souriant et apparemment détendu, quelques minutes avant l’ouverture de l’audience de jugement, portant des lunettes de soleil, des chaussures de sport et une longue tunique bleue frappée d’un écusson vert reproduisant la forme du continent africain.

Il devait comparaître fin mai, mais son avocat avait fait valoir qu’il ne pouvait pas venir à son audience en raison de sa tournée en France.

La présidente du Tribunal de police de Genève, Sabina Mascotto, avait refusé de le juger en son absence et reporté le procès au 5 juillet.

Il est poursuivi pour « discrimination raciale » pour des propos qu’il aurait tenus sur « les chambres à gaz » entre le 4 et le 6 janvier 2019, au Théâtre de Marens à Nyon, et le 28 et 29 juin 2019, au Centre d’animation cinématographique CAC Voltaire à Genève.

Interrogé à ce sujet, Dieudonné M’Bala M’Bala a expliqué qu’il « ne nie rien du tout » : « Je ne nie absolument pas l’existence des chambres à gaz, qui ont certainement été minorées par l’horreur de cette guerre ».

Il a également souligné que c’est l’un des personnages du spectacle qui prononce la phrase en question, et que cette phrase avait été écrite par le coauteur du spectacle.

« Je suis réellement étonné d’être ici aujourd’hui : c’est la première fois en 30 ans de spectacles que je viens devant un tribunal pour complicité d’un de mes personnages », a-t-il dit.

Il a assuré que son avocat français avait envoyé le texte, avant le spectacle, à un procureur français « qui n’a pas réagi ».

Il est également poursuivi pour « injure » à l’égard de la Coordination intercommunautaire suisse contre l’antisémitisme et la diffamation (Cicad), pour des propos tenus à l’égard de cette association à but non lucratif lors de la représentation du 28 juin 2019.

Le secrétaire général de la Cicad, Johanne Gurfinkiel, fait également partie des plaignants.

Dieudonné est aussi accusé de « diffamation » pour des propos tenus le 22 novembre 2019 concernant M. Gurfinkiel lors d’une entrevue donnée sur une chaîne YouTube à Genève.

En France, il a été condamné fin mai en appel à trois ans d’emprisonnement, dont deux ferme, ainsi que 200 000 euros (293 000 $) d’amende, pour avoir notamment détourné plus d’un million d’euros de recettes non comptabilisées de ses spectacles.

La cour d’appel a confirmé le jugement qui avait été prononcé par le tribunal correctionnel en 2019, en précisant que cette peine serait aménagée — en détention à domicile avec un bracelet électronique, en placement extérieur ou semi-liberté.