Femme ta gueule – Le film n’est pas qu’une simple captation du spectacle de Mariana Mazza, plutôt un long métrage qui lui permet de se dépasser et de se démarquer, en proposant quelque chose d’inédit au public. La Presse a assisté au lancement du film à Montréal et s’est entretenue avec l’humoriste… qui a de la suite dans les idées.

Femme ta gueule – Le film a été présenté pour la première fois au cinéma Quartier latin à Montréal, lundi soir. Une heure avant l’arrivée de ses proches, deux heures avant de montrer son long métrage à ses admirateurs, Mariana Mazza semblait parfaitement calme. Aucun stress à l’horizon. « Je l’ai vu le film, alors je suis zen, je suis bien », a-t-elle dit en entrevue. 

Bande-annonce de Femme ta gueule - Le film, de Mariana Mazza

Mariana affiche une confiance en elle débordante. À 19 h, dans une robe noire et des talons satinés, elle est montée sur scène pour présenter son film devant sa famille, ses amis, quelques vedettes et quelques centaines d’admirateurs. Elle n’a trébuché sur aucun mot. Elle a été drôle, en contrôle. Elle a aussi prévenu son public : « Vous n’êtes pas obligés de rire tout le temps. C’est un film, ça ne sera pas drôle tout le temps. »

Le film de Femme ta gueule a beau reprendre des numéros du spectacle, le contexte est tout autre. « Ceux qui ont vu mon show vont le revoir d’une tout autre façon, explique-t-elle. C’est peut-être moins hilarant que sur scène, parce qu’il n’y a pas de contact direct avec le public, pas de contact visuel. »

Au Quartier latin, pendant la diffusion du film, les rires aux éclats ont été fréquents. Et quand les lumières se sont rallumées, l’humoriste s’est représentée sur scène face à une ovation.

Des moments… gênants

En plus de l’impact infaillible des blagues, Mariana Mazza a pu compter dans le film sur l’effet comique des situations qu’elle a créées. Elle livre ses gags dans des contextes à la fois déplacés et parfaits pour l’occasion. Par exemple, lorsqu’elle présente son numéro sur les vieilles personnes dans une résidence pour personnes âgées. Ou quand elle raconte ses blagues salaces à des patients dans une salle d’attente ou à un prêtre dans un confessionnal.

IMAGE TIRÉE DU FILM

Mariana Mazza dans Femme Ta gueule - Le film

« Je présente les numéros, mais je les rends dans toutes sortes d’endroits, à des gens qui ne me connaissent pas, à de vrais humains », a expliqué l’humoriste. Un cadre particulier qui l’a parfois déstabilisée. 

C’est très gênant de faire ça one on one. Ceux qui n’avaient aucune idée de ce qui se passait me gênaient beaucoup. Parfois, ils ne trouvaient vraiment pas ça drôle. C’est correct. Et on le voit dans le film.

Mariana Mazza

Les différents tableaux du film, parfois hilarants de malaise, ont été mis bout à bout dans une trame narrative claire.

« Je ne voulais pas que ce soit des sketchs, a précisé Mazza. Sinon, je l’aurais mis sur le web. Je voulais les rendre de manière cinématographique, avec un fil conducteur linéaire, tout en donnant une bonne idée de ce que contient le spectacle. »

Mariana Mazza s’est entourée d’une équipe de jeunes cinéastes : Alec Pronovost (Le Killing) à la réalisation, Christophe Fortin à la direction photo, Laura Lemelin-Rainville à la direction artistique, Charles Boisseau au montage et Thomas Sédillot au son. Elle a pris le temps de les remercier chaudement, lundi soir. Car ce sont eux qui ont pu rendre concrète (et belle à voir) la folle idée de ce film.

La face cachée de Mariana

Après la sortie officielle du long métrage, Mariana retournera sur scène. L’humoriste gère la pression face à son nouveau spectacle solo avec la même sérénité que pour le lancement de son film. La tournée en deux volets, annoncée la semaine précédente, comprend les spectacles Impolie et Polie. « Si tu as aimé Femme ta gueule, tu vas aimer Impolie, a expliqué l’humoriste. C’est moi, pas de filtre, irrévérencieuse. De l’humour bon enfant. Sur Polie, je parle d’affaires plus sérieuses, qui ne se veulent pas drôles à la base, mais que je veux les rendre de façon à ce qu’elles puissent faire rire. »

En une semaine, 30 000 billets se sont écoulés pour le spectacle Impolie. Une réponse si positive du public peut mettre une certaine pression sur les épaules de l’artiste… Mais pas sur celles de Mariana Mazza. « Quand j’ai un moment de doute, je relis souvent mon texte [pour Impolie], a-t-elle affirmé. Et chaque fois que j’y reviens, je me dis que c’est bon. La pression n’est pas pour moi, elle appartient à ceux qui veulent m’en mettre. »

Un compte à rebours s’est déclenché lorsqu’elle a annoncé le spectacle. Mariana est prête. « Si je devais sortir le show demain, je le sortirais, a assuré l’humoriste. Il manquerait un peu de peaufinage, mais il serait bon. Tous les numéros sont prêts et je dois juste les aligner ensemble pour que ça se suive, que ce ne soit pas juste des blagues. »

L’humoriste s’est rendu compte du pouvoir d’un numéro qui rejoint le public sur un plan personnel. Avec Polie, une réponse à Impolie, elle compte se montrer plus vulnérable sur scène. « Je prévois quelque chose de plus posé, de plus mature, dit l’humoriste. Ce ne sera pas que du gag en mitraillette. Les gens vont pouvoir se rendre compte que je peux être touchante. Ça va être moins sévère, moins coloré, moins dans ta face, un peu plus posé. »

Mariana Mazza veut se présenter comme il se doit. Dévoiler une autre partie d’elle-même. « J’ai montré la couleur dans ce que je suis, mais jamais dans la nuance. La perception que le monde a de moi est erronée. Je peux être très vulnérable, très insécure, mais ce n’est pas toujours ce qui paraît parce que je suis trop habituée à me défendre. Ça va être un beau défi de parler de tout ça. »

Femme ta gueule – Le film sera diffusé sur les plateformes de vidéo en demande dès le 8 mars.
Impolie sera présenté à L’Olympia de Montréal les 6, 9, 10, 23 et 24 octobre 2020.