C’était soir de première pour Sam Breton. L’humoriste a présenté Au pic pis à pelle, au Gesù, un spectacle monté avec intelligence et originalité. 

« Ce soir, c’est simple, je te raconte de la belle guenille, tu ris, et après ça, on décâlisse », lance-t-il d’emblée à la salle. Le reste du spectacle sera à l’avenant. Il a un style bien à lui, Sam Breton. C’est un conteur. Quand il raconte, on écoute. Et on rit, surtout.

Sam Breton est arrivé en pleine possession de ses moyens devant une salle bondée, où ses proches, ses pairs et des vedettes en tout genre se sont prêtés au jeu de la première médiatique.

Lors d’un spectacle de Sam Breton, quelques blagues sont livrées sans interruption, un feu roulant où il faut porter attention pour bien tout saisir.

Mais, la plupart du temps, l’humoriste s’embarque dans la narration de longues anecdotes, qui gardent le public pendu à ses lèvres. Il pratique le genre d’humour où les descriptions de ses tranches de vie se succèdent, nous captivant chaque fois.

Les rires n’ont presque jamais cessé durant un peu plus d’une heure et demie de spectacle. Après certaines histoires, aux chutes bien réfléchies, le jeune humoriste a même réussi à soulever des ovations.

Le bon personnage

Breton installe dès le départ une proximité avec le public. La façon dont il l’interpelle, dont il raconte ses histoires nous emmène infailliblement exactement là où il veut que nous soyons.

Il décrit ce qu’il a vécu, ce qu’il a observé, ce qu’il pense, au moyen de tournures de phrases bien à lui, souvent succulentes. Comme lorsqu’il parle de sa mère, qui a fait « vœu de chasteté au niveau de la virgule » (tout le segment concernant sa maman est d’ailleurs une très bonne introduction au spectacle). Puis il l’imite. Et ça rit de plus belle. La formule se répétera et fera mouche chaque fois. Il nous décrit un personnage intéressant, nous raconte ses frasques, l’imite. Et ça rit.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Sam Breton, lorsqu’il s’adresse à la foule, lui parle comme on devine qu’il parle dans la vraie vie.

On rencontre la fille du dépanneur, sa conjointe, sa « matante » à la voix perçante et son « mononcle » qui sacre tous les deux mots et n’approuve pas les décisions de son neveu.

Sam Breton, lorsqu’il s’adresse à la foule, lui parle comme on devine qu’il parle dans la vraie vie. L’accent « du gars de région », les sacres à profusion, parfois même des tournures jamais entendues auparavant. Exemple : « Tu peux rire de ma mère, je m’en contrecrisse le cul. » Sur papier, ça peut surprendre. En direct, ça marche. Parce que l’humoriste nous accroche avec son personnage et on lui permet donc ce qu’on trouverait lourd venant d’autres.

L’humoriste est désinvolte, en plein dans son personnage de gars sans filtre, un peu baveux, mais sympathique.

Chaque histoire trouve sa place dans un récit qui n’a pas vraiment de fil conducteur, mais qui ne semble pas en avoir besoin. La fois dans les toilettes du centre d’achats, quand son voisin d’urinoir l’a reconnu. La fois où lui et sa blonde se sont acheté un hérisson. La fois où son père lui a demandé de l’aide pour remorquer une voiture. La longue histoire du chihuahua de son cousin, qui, même si elle dure plusieurs minutes comme la plupart des segments du numéro, maintient notre intérêt jusqu’à la fin. 

Plutôt que de passer à toute vitesse d’une anecdote à l’autre, Sam Breton prend le temps de raconter, et le public semble apprécier.

Bien raconter

Sam Breton sait captiver, ne laisse pas de temps morts s’immiscer dans son discours. Il sait bien livrer ses blagues, les structurer pour un maximum de réaction. Il sait commencer doucement pour faire monter le gag jusqu’à son pinacle.

Il sait aussi bien introduire une blague inattendue au beau milieu d’un numéro pour ne jamais perdre son public dans de trop longs récits. Il sait interpeller la foule, encore une fois pour toujours garder les spectateurs dans sa poche. 

Si un plat menaçait de s’installer vers la fin du spectacle, il a clos sa dernière anecdote (qui était loin d’être sa meilleure) juste à temps.

« Au pic pis à pelle », a expliqué Sam Breton en début de spectacle, est une expression bien québécoise qui veut dire travailler fort, avec acharnement, pour atteindre son but. Ça représente bien son parcours, a-t-il dit. Avec ce tout premier spectacle, le jeune humoriste montre que tout le travail qu’il a mis pour se rendre jusque-là, sur cette scène, a payé.