Si l’on entend de plus en plus circuler l’expression : « On ne peut plus rien dire au Québec ! », les humoristes rencontrés sur le tapis rouge du gala Les Olivier n’y croient pas. Ils sont d’avis que tout est une question de ton et de manière.

Guy A. Lepage, dont le groupe RBO a marqué le Québec par son humour grinçant, est convaincu que l’on peut encore rire de tout sans agressivité et sans haine.

« Si RBO existait encore aujourd’hui, on ferait exactement comme avant parce que l’on n’a jamais été haineux », assure l’animateur de l’émission « Tout le monde en parle ».

La grande Lise Dion avoue tout de même avoir eu une certaine prise de conscience. « Il y a des numéros que je ne referais pas, comme la femme afghane. C’est sûr que je ne retoucherais plus à ça », confie-t-elle en précisant que « la ligne est mince maintenant ».

Dominic Paquet estime que l’environnement social est « plus aseptisé qu’avant ». Il croit que certains sont peut-être allés trop loin dans le passé, mais que l’on se dirige un peu trop rapidement vers l’autre extrême.

« Quand c’est bien dit, que c’est bien travaillé et qu’il n’y a pas de malice, on peut encore se permettre de dire des choses », estime celui qui présente le nouveau spectacle « Laisse-moi partir ».

François Bellefeuille n’est pas d’avis que l’on ne peut plus rien dire. « La personne qui dit “ on ne peut plus rien dire parce que les gens ne rient plus ” devrait arriver en 2019. Les mentalités changent. Faire une joke de gros par exemple, ça ne passe plus. Trouve des jokes sur d’autres affaires », répond-il.

Cathy Gauthier, qui est reconnue pour ne pas mettre de gants blancs, bondit sur la question. « Fuck off ! lance-t-elle en riant. Je pense qu’il faut trouver le bon ton et se servir de son jugement. »

Dans la même lignée, le duo Les Grandes crues verse dans l’humour caustique sans retenue et Marie-Lyne Joncas insiste sur le fait qu’il n’y aura jamais de filtre sur scène.

« On fait pas ça plus rien dire ! Le public qui vient nous voir accepte ce que l’on dit », mentionne-t-elle.

Marie-Lyne Joncas reconnaît cependant qu’un certain filtre est nécessaire lorsqu’elle doit intervenir à la télévision ou à la radio. « Là, on ne peut plus tout dire malheureusement, on est trop regardé partout », dit-elle.