Katherine Levac brisait la glace de la série des Soirées Carte blanche, hier. Ses invités ? Une brochette d’humoristes aussi variée qu’on puisse se l’imaginer. Résultat ? Un bon spectacle, aussi contrasté qu’harmonieux, et dont elle a été l’étoile. Résumé de la soirée en cinq temps.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Katherine Levac et Rosalie Vaillancourt

Maîtresse en son royaume

Katherine Levac animait pour la première fois son propre gala, à la salle Wilfrid-Pelletier. C’est elle qui a ouvert le spectacle avec un numéro personnel, le meilleur de la soirée. Même quand son débit trop rapide l’a fait trébucher dans sa blague et qu’elle a voulu « la refaire pour la télé », elle n’a pas perdu de points. Levac a pris l’occasion de cet important spectacle, qui sera télévisé sur la première chaîne cet hiver, pour informer le public qu’elle est en couple avec une femme. « Je ne suis pas lesbienne, j’aime juste la personne indépendamment de son genre », a-t-elle laissé savoir, prédisant que les sites à potins feraient leurs choux gras de ce segment ce matin. Son orientation sexuelle a d’ailleurs été le prétexte de quelques très bonnes lignes par la suite.

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Anas Hassouna

La révélation

S’il y a eu des hauts et des bas dans ce premier gala Carte blanche, commençons par l’un des hauts : Anas Hassouna, peu connu du public, est notre découverte de la soirée. Ses blagues ont reçu la première ovation du spectacle. Hassouna, d’origine marocaine, s’est lancé dans les références religieuses… et a frôlé le racisme dans l’une de ses blagues. « C’est chill, c’est moi qui l’ai faite. Mais si tu la ris après dans ton auto, là, c’est raciste », a-t-il rigolé. Puis, il a parlé de la fréquence de l’orgasme féminin en comparaison à l’orgasme masculin, passant de la compassion (pour les femmes) aux blagues insolentes. Il était à l’aise sur scène, toutes ses blagues ont atteint leurs cibles. Katherine Levac l’a présenté comme l’un de ses coups de cœur, et nous approuvons.

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Les Denis Drolet

Le « choc » des générations

Si elle représente la nouvelle génération de l’humour, Katherine Levac n’a pas hésité à s’entourer, en plus de ses jeunes amis, de quelques vieux de la vieille. Les Denis Drolet, d’abord, ont été aussi absurdes et désopilants qu’ils peuvent l’être. Et parce que tout le monde ne les comprend pas, la réception a été plutôt mitigée. Ç’a été tout le contraire lorsque Laurent Paquin a présenté son numéro, qui a débuté avec un gag zoophile. Il a ensuite rassuré son public en lui disant qu’il ne ferait pas de numéro là-dessus… avant d’enchaîner avec la pornographie. Finalement, il a proposé un segment sur le consentement, très bien accueilli… avant de se féliciter de ne pas avoir reluqué le décolleté « magnifique » d’une femme et de s’être concentré sur ses yeux. Somme toute, la grande majorité du public a adoré.

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Katherine Levac, Phil Roy et Martin Carli

La presque bonne idée

En milieu de spectacle, on a eu droit à Phil Roy et à sa vigoureuse énergie, parfois entraînante, parfois un brin agaçante. Comme le très drôle Sam Breton avant lui, Roy y est allé d’un numéro à propos des gens des régions. Il a relaté son passage à la fameuse aire de service L’Étape, entre Québec et Saguenay. C’était drôle, sans plus. Ça s’est presque amélioré quand Katherine Levac et le scientifique Martin Carli (coanimateur de l’émission Génial !) s’en sont mêlés. Pour qu’on « apprenne des affaires », Carli s’est présenté dans son sarrau blanc et a interrompu le sketch de Roy plusieurs fois pour parler science. Malgré quelques instants cocasses, l’interaction entre l’humoriste et le vulgarisateur scientifique n’a pas su rehausser la qualité du numéro.

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Alexandre Bisaillon

Le verdict

Encore une fois cette année, on s’est affranchi des thèmes imposés aux galas pour laisser libre cours à la créativité des animateurs. Levac a su tirer avantage de la latitude qu’on lui a accordée en proposant des invités de talent et pour tous les goûts et en proposant elle-même un solide numéro. Une place toute particulière a naturellement été faite aux jeunes humoristes – Rosalie Vaillancourt, Alexandre Bisaillon, Sam Boisvert et Arnaud Soly étaient aussi du lot –, et c’était rafraîchissant. Ce n’était pas parfait, on a un peu plus souvent souri qu’éclaté de rire, mais le gala de Katherine Levac a tout de même placé la barre haut pour les quatre spectacles à suivre.

Invités : Rosalie Vaillancourt, Les Denis Drolet, Phil Roy, Arnaud Soly, Sam Boisvert, Laurent Paquin, Martin Carli, France Castel, Alexandre Bisaillon, Eman El-Husseini, Anas Hassouna et Sam Breton