La direction du Groupe Juste pour rire (JPR) dévoile lundi un nouveau partenariat avec Montreux Comedy, unissant les deux acteurs les plus importants de l’industrie de l’humour de la Francophonie. Les dirigeants de JPR on fait le voyage en Suisse pour annoncer la nouvelle lors de la 30e édition du Montreux Comedy, qui bat son plein cette semaine dans la ville située bord du lac Léman.

Pour les patrons des deux prestigieux festivals d’humour, cette entente « historique » a pour objectif de créer des produits et des contenus originaux des deux côtés de l’Atlantique. Et aussi de renforcer l’impact et le rayonnement des humoristes francophones sur la planète, dans un marché mondial où les géants américains de la diffusion numérique prennent énormément de place.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Charles Décarie, PDG du Groupe Juste pour rire

« Nous sommes à l’aube de la mondialisation de l’humour. Or, pour répondre à l’inondation du contenu anglo-saxon, on doit être fort et visible dans ce nouvel écosystème, souligne en entrevue Charles Décarie, président-directeur général du Groupe JPR. Nous allons pouvoir créer des synergies de contenu francophone entre les deux plus prestigieux festivals d’humour, dans la foulée de notre stratégie de diversification du contenu et d’exportation du savoir-faire local à l’étranger. »

L’union fait la force

Patrick Rozon, vice-président aux contenus francophones à JPR, croit lui aussi que cet accord va solidifier l’industrie de l’humour francophone sur les deux continents.

Les artistes francophones du Québec disposeront d’une nouvelle plateforme pour mettre en valeur leur talent sur la scène internationale, tandis que les participants du festival Juste pour rire auront accès au meilleur de la comédie francophone européenne.

Patrick Rozon, vice-président aux contenus francophones à JPR

D’ailleurs, en juillet 2020, le festival Juste pour rire présentera un gala international mettant en vedette des humoristes québécois et européens. Ce spectacle sera repris à Montreux l’an prochain et diffusé sur diverses chaînes de télévision publiques en Suisse, en France et au Canada.

Cette union créative devrait permettre la réalisation de projets d’envergure destinés à la scène ainsi qu’aux nombreux écrans et plateformes de diffusion d’humour francophone. « Il faut sortir des sentiers battus, croit le fondateur de Montreux Comedy, Grégoire Furrer, joint en Suisse. Les artistes doivent créer de plus en plus de sketchs originaux pour les supports numériques, afin de tirer leur épingle du jeu face aux géants anglophones. » 

L’humour à l’ère numérique

Respectivement fondés en 1990 et en 1983, les festivals Montreux Comedy et Juste pour rire n’en sont pas à leurs premières armes en production, diffusion et promotion de l’humour. En 2017, après le départ du fondateur de JPR, Gilbert Rozon, Montreux Comedy Festival s’était montré intéressé à racheter Juste pour rire.

PHOTO LAURA GILLI, FOURNIE PAR MONTREUX COMEDY

Grégoire Furrer, fondateur et producteur du Montreux Comedy Festival

Grégoire Furrer a d’ailleurs eu l’idée de lancer son festival en Suisse après avoir visité le festival montréalais. « Lorsque j’ai vu l’ampleur du succès du festival au Québec, j’ai eu le déclic, dit-il. À l’époque, l’humour n’était pas encore une industrie en Europe. C’était la mode des cafés-théâtres. »

« Montreux Comedy est en pleine expansion », ajoute le producteur suisse, qui vient de s’entendre avec Amazon Prime Video pour diffuser en exclusivité des soirées d’humour. « On a aussi notre propre chaîne YouTube avec plus de 1 million d’abonnés. Notre marque fait figure de leader auprès de millions de fans d’humour francophone. L’alliance avec Juste pour rire est donc toute naturelle. Nous allons pouvoir parler d’une seule et même voix », se réjouit Furrer.

À l’heure où la comédie et le stand-up sont attrayants pour les nouveaux diffuseurs à la recherche de contenus originaux pour leurs plateformes multiples, l’alliance entre Juste pour rire et Montreux Comedy est cruciale pour le rayonnement mondial de l’humour francophone.

Patrick Rozon

Il pense entre autres aux galas télévisés, mais également à d’autres produits issus des captations faites en spectacle pour des plateformes de diffusion numériques.

Le producteur montréalais ajoute qu’en plus de diversifier le contenu, il faut désormais faire éclater la forme : « Par exemple, il ne faut plus seulement faire la captation d’un one man show ; il faut interagir avec l’extérieur, le public, pour offrir une expérience. On a besoin de se réinventer afin que les jeunes sortent de leur téléphone et s’intéressent aux spectacles vivants », conclut Rozon.