À 55 ans, Franck Dubosc abandonne son personnage d’éternel séducteur macho pour laisser plus de place à l’homme qu’il est dans la « vraie » vie : le père de deux jeunes enfants, mais surtout un mari rempli d’admiration pour sa femme, sa plus grande critique. Entrevue avec l’humoriste français qui viendra présenter à Montréal en décembre prochain Fifty/Fifty, son nouveau spectacle.

Franck Dubosc a la cinquantaine rugissante. Connu pour son personnage de dragueur un peu lourd et imbu de lui-même sur scène comme au cinéma (dans Camping, notamment), il a fait le choix, pour son cinquième spectacle solo, de revenir sur scène avec une proposition plus représentative de l’homme qu’il est en réalité.

En plein montage de son premier film en tant que réalisateur, Tout le monde debout, Dubosc a ressenti l’urgence de plancher sur l’écriture de Fifty/Fifty. « J’avais envie de revenir sur scène, je n’arrive pas à m’en passer. Après avoir goûté au plaisir d’être réalisateur pour la première fois, je trouvais indispensable de me remettre à écrire pour la scène, où je peux me lâcher encore plus qu’au cinéma ! », observe l’humoriste qui signe l’intégralité de ses textes.

Mais pourquoi dire au revoir à son irréductible séducteur intérieur à ce moment précis ? Passerait-il moins bien auprès du public après la vague #moiaussi ?

« J’ai presque l’impression que c’est #moiaussi qui m’a suivi ! », lance Dubosc à la blague. « Je suis un papa, j’ai passé la cinquantaine, je suis marié. J’ai abandonné un peu ce côté séducteur. D’y aller trop serait un peu indécent désormais. Je m’en suis lassé. Ça m’amusait moins », précise le comédien.

Sa femme, son inspiration

Ce changement de cap, Franck Dubosc le doit en grande partie à sa femme Danièle qui partage sa vie depuis plus de 10 ans et qui porte un regard très critique sur son travail.

« Elle est mon petit être bien-pensant. Elle est très pudique, d’origine libanaise. Quand elle vient voir mon spectacle, je veux qu’elle aime ça. Elle ne m’aide pas à être drôle, mais à être plus raisonnable. Elle m’a aussi aidé dans l’écriture de mon film. Elle a toujours de moins en moins de choses à redire sur mon travail », s’enorgueillit Franck Dubosc. 

« Il y avait tout un passage où je parlais d’elle et que je trouvais, même moi, un peu misogyne. Je lui ai demandé si elle m’autorisait à le jouer et elle m’a répondu : “Je vais t’autoriser à jouer ton sketch misogyne de merde !” », révèle l’humoriste.

« Je ne me trouvais plus en phase avec moi-même, avec ce que je pense. À la fin du spectacle, je le dis, d’ailleurs : mes 50 ans, je vous les dédie à vous, mesdames. Pas par séduction, mais par amour des autres. » — Franck Dubosc

Et à en croire les critiques en France, où le spectacle tourne depuis près d’un an et demi, Franck Dubosc 2.0 serait pas mal plus efficace que la version précédente ! Fifty/Fifty est le spectacle qui a reçu le meilleur accueil dans toute sa carrière d’humoriste.

« J’ai 50 ans et je me sens très bien »

Non, Franck Dubosc n’a pas consacré son cinquième spectacle à la crise de la cinquantaine, surutilisée en humour. Fifty/Fifty est avant tout un prétexte, sorte de polaroïd du moment présent : celui de ses 55 ans.

« Fifty/Fifty, c’est un intérieur d’enfant dans un corps d’adulte. C’est aussi la double culture, celle de mes enfants qui sont à moitié arabes. C’est sur moi, mes amours, ma vie de tous les jours, la manière dont je vis ma célébrité aussi. Mais ce n’est pas sur la cinquantaine. J’ai 50 ans et je me sens très bien. Mais, pour tout vous dire, je préférerais en avoir 40 quand même ! », s’amuse Dubosc.

Amoureux du Québec depuis ses débuts sur scène, l’humoriste viendra passer les Fêtes au Grand Théâtre de Québec puis à la salle Pierre-Mercure. « Avec ma femme, si on devait partir de la France, ce serait pour venir au Canada. Ça me manque, ça fait longtemps que je ne suis pas venu », lance Franck Dubosc, qui doit beaucoup au Québec, mais surtout à Gilbert Rozon, son premier producteur qu’il considère encore, malgré la controverse, comme la personne à qui il doit sa carrière.

« Il ne produit plus mes spectacles depuis longtemps. C’est quelqu’un à qui je dois tout ce que je suis devenu. Sans lui, je ne serais ni la vedette de scène ni celle de cinéma que je suis. Il m’a tant donné en amour, en amitié et en travail. C’est un des hommes qui m’ont le plus apporté. Quand mon père est mort, c’est Gilbert qui a trouvé les meilleurs mots. Ça ne s’oublie pas. Pour le reste, je ne porte pas de jugement, pas médiatiquement. Je lui ai souvent parlé depuis », conclut Franck Dubosc, reconnaissant.

Au Grand Théâtre de Québec le 19 décembre puis à la salle Pierre-Mercure les 20 et 21 décembre