La justice française a confirmé mercredi en appel la condamnation du polémiste Dieudonné à deux mois de prison avec sursis pour des propos antisémites et ordonné, dans un autre dossier, son expulsion du théâtre parisien de la Main d'or.

Dans le spectacle La bête immonde, présenté en 2014, le polémiste, fers aux pieds, déguisé en détenu de Guantanamo, avait discouru sur le rôle qu'il attribue aux juifs dans la traite des Noirs et ironisé sur le génocide commis par les nazis.

«C'est des gens qui ont une certaine compétence dans le dressage de nègres; le commerce des esclaves c'était une spécialité juive au départ», déclarait-il notamment.

«Ça tranche avec l'image qu'on nous a inculquée à l'école, à la maternelle, à la crèche, du juif éternelle victime en pyjama à qui on a chouré un Picasso», proclamait-il encore.

La cour d'appel a confirmé mercredi le jugement du tribunal correctionnel de Paris, qui l'avait déclaré coupable en mai 2016 des délits d'injure raciale et provocation à la haine.

Dieudonné M'bala M'bala, 51 ans, a été condamné à deux mois de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende et devra également verser 2500 euros à chaque partie civile, dont SOS Racisme et la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).

Cette décision est tombée alors que, dans un autre dossier, la cour d'appel a ordonné l'expulsion de l'humoriste controversé du théâtre parisien de la Main d'Or, demandée par les propriétaires de cette salle où il se produit depuis plus de quinze ans.

Cette décision de la cour d'appel, qui confirme un jugement de septembre 2015, est exécutoire, et peut donc être appliquée immédiatement.

La justice condamne en outre la société de Dieudonné, Bonnie Productions, titulaire du bail, à payer 280 660 euros au titre d'arriérés locatifs, a déclaré à l'AFP l'avocate des propriétaires, Dominique Cohen Trumer.

Lors du procès, les propriétaires du théâtre, la SCI Passage d'Or, avaient mis en avant des infractions au bail.

L'avocate de Dieudonné, Isabelle Coutant-Peyre, a indiqué à l'AFP qu'elle envisageait un pourvoi en cassation.

Mais celui-ci ne serait pas suspensif, et n'empêcherait donc pas une expulsion.

Dieudonné a été condamné à plusieurs reprises pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale. Un des spectacles de cet humoriste apprécié avant ses dérapages antisémites avait par ailleurs été interdit début 2014, une mesure rarissime.