Pour le solitaire assumé, lecteur assidu et auteur appliqué qu'est Louis-José Houde, novembre est sans aucun doute ce que juillet est aux plus fervents festivaliers. Un mois qui lui est si cher qu'il lui dédie son prochain spectacle, Louis-José préfère novembre, présenté en résidence à l'Olympia à partir du 1er septembre 2017. Au cours des prochains mois, l'humoriste se consacrera à peaufiner son quatrième one-man-show dans lequel il fera l'éloge de la lenteur, mais surtout du temps présent.

Vous avez amorcé l'écriture de votre prochain spectacle à peine six mois après le début du précédent, Les heures verticales. Quel est votre processus créatif?

Il faut se tenir loin des cahiers pendant quelques mois. Si tu recommences trop vite, ça va trop se ressembler et tu risques de jeter ce que tu as écrit. Mi-2013, je planchais déjà sur ce spectacle. On se fait souvent poser la question si jouer 300 ou 400 fois le même show n'est pas un peu redondant. Eh bien, pas si tu écris autre chose pendant la journée.

Écrivez-vous de la même manière depuis vos débuts?

Avant, j'avais une approche plus académique. Je m'assoyais et je me permettais moins d'avoir des flashs au vol. Aujourd'hui, je me rends compte que quand je parle d'un sujet pendant plus de cinq minutes avec mon entourage, c'est peut-être parce que ça me tient à coeur ou que j'ai de l'intérêt pour ça. Je me suis remis à prendre des notes dans un calepin, chose que j'avais un peu délaissée. Suivre la parade, mon deuxième spectacle, était très écrit, comme des chansons avec une mécanique, comme une espèce de refrain running gag.

Dans Louis-José Houde préfère novembre, vous semblez vouloir vous rapprocher de ce que vous êtes vraiment. Qu'en est-il?

Je suis un peu coincé avec une image de moi, énergique, alors que je suis très tranquille. J'ai une manière de faire très contemplative. Je ne suis plus capable d'entendre parler de mon débit. Je n'essaie même pas de ralentir, je ne parle même plus comme ça sur scène. C'est désuet. J'ai commencé trop jeune, j'étais surexcité et c'est resté. J'ai même fait des pubs d'épicerie comme ça! Au début, ça ne me dérangeait pas. Mais c'est un accident. Il y a une différence entre rythmé et rapide. J'ai fait des tests et je crois avoir trouvé une tonalité qui n'est plus là-dedans.

Quelles ont été vos principales inspirations?

Je me suis mis à écrire sur cette quête d'équilibre qui vient avec toutes nos habitudes et les nouvelles technologies. Un des premiers flashs que j'ai eus, c'est qu'en tant que société, on pense souvent que ce qui est nouveau est forcément meilleur. C'est une erreur, je pense. Il y a une belle hypocrisie avec le vinyle, par exemple, parce que presque personne n'est équipé pour que ça sonne bien. Mais il y a ce besoin de rituel, de lenteur, le même qu'on retrouve dans la lecture. Ce n'est pas pour autant un show nostalgique. Il faut célébrer l'époque dans laquelle on est. Mais il faut encore cultiver de belles affaires, se permettre de prendre le temps.

Entre l'écriture d'un nouveau spectacle, la participation à deux films, l'animation de la Fête nationale et du gala de l'ADISQ, est-ce que Louis-José Houde a pris du temps pour lui?

Lors de ma dernière tournée, c'était vraiment l'équilibre parfait. J'étais sur scène quatre fois par semaine et les trois autres jours, j'étais à la campagne. J'adore être sans humains pendant quelques jours. J'ai une grosse tendance à l'isolement. Ça peut être un problème. J'aime être à la campagne, tout seul, sans entendre personne parler, puis me retrouver devant 1000 personnes. J'adore ce clash-là!

Vous ne figurez pas sur l'affiche de votre spectacle, signée par l'artiste visuelle Mathilde Corbeil. Pourquoi?

Je voulais aller ailleurs, faire quelque chose de beau avec mon titre. Je lui ai fourni plein de références, de vieilles affiches de films ou de livres. J'aime aussi que ça ressemble à une pochette d'album. Je trouve ça beau, par exemple, que chaque album de Rush soit une création originale et qu'ils n'aient même pas de logo. Je suis comme off branding!

Image fournie par la production 

L'affiche du nouveau spectacle de Louis-José Houde est signée Mathilde Corbeil.