Organisé à Québec du 11 au 22 juin, le Grand Rire fête cette année ses 15 ans. À cette occasion, La Presse a rencontré le président-fondateur du festival d'humour, Sylvain Parent-Bédard, un homme d'affaires rempli d'ambition pour son entreprise Québécomm, qu'il souhaite voir devenir le «Walt Disney québécois» du divertissement. N'en déplaise à Juste pour rire...

«J'ai le goût de poursuivre, avec mon équipe, le rêve d'avoir un jour un Walt Disney québécois humoristique et musical.»

Il le dit sans rire, car Sylvain Parent-Bédard voit grand. Il a toujours vu grand. Enfant, à Lévis, ce camelot du quotidien Le Soleil avait acheté les trajets de ses collègues. À 17 ans, il ouvrait une boîte de jeux vidéo, qu'il a vendue à 20 ans pour payer ses études. Sept ans plus tard, il créait Québécomm.

Agence de communication, Québécomm s'est ensuite spécialisé dans l'organisation d'événements, de relations publiques d'un jour ou deux, puis de festivals (Grand Rire, Québec fête Noël) et de spectacles (Céline Dion, Madonna). Québécomm gère aussi la carrière des humoristes Daniel Lemire, Anthony Kavanagh, Olivier Martineau et Cathleen Rouleau.

Avec 40 employés à Québec, une vingtaine à Montréal et un bureau qui ouvrira bientôt à Hollywood, Québécomm prend de l'ampleur année après année.

Exporter l'humour

Tout a vraiment commencé en 2000 quand Sylvain Parent-Bédard a créé le Grand Rire Bleue avec l'aide de la brasserie Labatt et des gouvernements du Québec et du Canada. L'ambitieux Lévisien marche alors dans les plates-bandes de Juste pour rire, s'associant même avec des festivals européens pour étendre ses activités bien au-delà des plaines d'Abraham.

«Dès le début, j'ai voulu me servir de Québec et du Québec comme d'un laboratoire, sans renier mes racines, pour rapporter des idées de l'international et réussir à exporter, car j'ai toujours cru que l'humour, malgré les frontières et les références, pouvait être exporté», explique Sylvain Parent-Bédard.

Juste pour rire occupait le marché de l'humour depuis 17 ans. Il fallait être culotté pour le concurrencer. «Au début, on voulait faire un Juste pour rire Québec. Gilbert [Rozon] avait eu une réaction amusante: il nous avait dit qu'il n'y avait pas de marché à Québec et qu'il n'était pas possible d'y développer un Juste pour rire, mais il nous avait encouragés à créer notre propre festival, car ça le pousserait à se dépasser.»

Malgré de petites disputes avec Juste pour rire en 2006 et 2008, Sylvain Parent-Bédard admire Gilbert Rozon. «Il a tracé la voie. Ce qu'il a fait avant nous a apporté beaucoup de crédibilité au Grand Rire. Il a défriché à la machette alors que pour moi, ça a été plus facile, car le Grand Rire était devenu une alternative à Juste pour rire.»

Le Grand Rire fait sa marque, invitant les meilleurs humoristes et des artistes internationaux: Roberto Benigni, John Malkovich, Bill Cosby, Whoopi Goldberg et, cette année, Jerry Seinfeld. Québécomm produit des émissions d'humour à Paris, Marrakech et à Liège. Après avoir connu du succès avec lol: -), série vendue dans 125 pays, l'entreprise conçoit avec Radio-Canada True Love, une série imaginée par Cathleen Rouleau, et avec TVA, Complexe G, adaptation (avec Pascale Bussières) d'un concept humoristique des Pays-Bas.

De grandes ambitions

Ses projets ne donnent pas tous des résultats. Sylvain Parent-Bédard travaille à un projet de spectacle depuis 10 ans avec la famille Chaplin, et le show Hollywood en mode Grand Rire - qui doit être créé avec des artistes tels que Louis-José Houde, Jamel Debbouze ou Rachid Badouri - n'a toujours pas levé. Il rêve aussi de présenter un grand spectacle musical au château de Versailles et de s'associer à des Européens pour créer de grandes coproductions de qualité et de l'ampleur «de ce que font les Américains». Ambitieux ou mégalomane, M. Grand Rire?

«C'est par les rêves qu'on peut réussir, répond-il. On vise à devenir les numéros un de l'humour dans le monde. En 2000, quand je disais aux financiers de Québec que je voulais faire venir U2 et Madonna sur les Plaines, tout le monde riait, mais Madonna est venue sur les Plaines...»

Après des rumeurs démenties de vente de Québécomm, l'homme d'affaires dit être loin de vouloir «tirer la plug». « Il y a eu des événements difficiles à l'interne, dans la compétition et le partenariat, et des moments où j'ai trouvé ça très dur, où je me suis demandé si le jeu en valait la chandelle. Mais mon sens du dépassement, de l'entrepreneuriat et mon côté rêveur ont toujours pris le dessus. »

Programmation du Grand Rire 2014

• 11 juin: Gala de Peter MacLeod

• 12 juin: Gala d'Olivier Martineau

• 13 juin: Gala d'Éric Salvail et Carte blanche à Mike Ward

• 14 juin: L'événement Jerry Seinfeld

• 16 juin: Gala de Michel Boujenah

• 17 juin: Gala de Marie-Lise Pilote