Au dernier gala des Juno, elle était partout. À la coanimation, en chanson et sur scène pour recueillir les trophées de l'auteur-compositeur et de l'artiste de l'année.

Serena Ryder compte à son actif cinq albums, où elle passe du folk au pop et du country à la soul. En spectacle, elle se démarque par sa fougue et son interprétation sentie. En entrevue, son attitude amicale la distingue de ses contemporaines.

Deux semaines après avoir impressionné les journalistes qui l'ont vue au Festival d'été de Québec, la brunette née à Toronto profite de quelques jours de congé dans sa maison de Marina del Rey, près de Los Angeles.

La cause de son déménagement en Californie, il y a huit mois, est purement météorologique. «L'an dernier, ç'a été mon dernier hiver. Je n'en pouvais plus. Mon plan peut changer, mais je pense devenir une snowbird, lance-t-elle en riant. J'adore l'océan et le soleil.»

Au bout du fil, Serena Ryder parle de la programmation d'Osheaga avec enthousiasme et fébrilité. «Quel line-up! s'exclame-t-elle. En plus, j'ai beaucoup d'amis qui jouent la même journée que moi [samedi]: Kevin Drew, Royal Canoe, Ingrid Michaelson, Basia Bulat... Et je dois dire que je suis obsédée par l'album du groupe Haim.»

Un succès inespéré

Serena Ryder bouclera en septembre la tournée de son album Harmony, sorti en novembre 2012. «Je n'ai jamais connu un tel succès. Et le succès est venu avec un album que personne n'attendait. Pendant quatre ans, je n'ai rien sorti, et la beauté du truc est que j'ai fait un album pour moi-même.»

Au moment de créer son album, la jeune femme se remettait péniblement d'une dépression et de crises d'anxiété vécues sur scène. Au lieu de se sentir délaissée par l'industrie, Serena Ryder a profité de la liberté et de tout l'espace de création que cela lui laissait.

Écrire les chansons d'Harmony lui a permis de converser avec elle-même et avec la maladie. «Un artiste doit vivre des deuils pour renaître», dit-elle.

Serena Ryder a grandi dans le petit village de Millbrook, en Ontario. «Un endroit où je devais user de beaucoup d'imagination pour m'ouvrir sur le monde. La musique était mon Dieu; elle répondait à mes questions. Je chantais partout et, à 8 ans, le chauffeur de taxi du village m'a entendu chanter à la maison et il a voulu devenir mon imprésario.»

Serena Ryder avait donc 8 ans quand elle a donné ses premiers spectacles dans les Légions royales canadiennes et dans des motels, «devant des gens qui jouaient aux dards».

À 13 ans, Serena Ryder a eu sa première guitare, et le reste appartient à l'histoire de sa jeune et florissante carrière folk.

Capturer le moment présent

À l'image de plusieurs chanteuses, l'auteure-compositrice-interprète de 31 ans a transplanté les racines folk de son dernier album Harmony dans des terres pop, rock, soul et même blues. «C'est la première fois que j'écris un album en même temps que je l'enregistre, donc nous avons pu capturer le moment présent.»

Le réalisateur Jon Levine a passé plusieurs semaines dans la maison de Serena Ryder à Toronto. «J'ai un studio dans le garage. Quel bonheur ç'a été!»

La fougue «Black Keys-esque» du tube Stompa (entendu dans plusieurs séries télé) porte plutôt la touche du réalisateur Jerrod Bettis. Ce dernier a travaillé sur l'album 21 d'Adele, mention qui n'est pas étrangère aux arrangements d'Harmony, qui mettent en valeur la voix vibrante de Serena Ryder.

Après l'ère de l'indie-rock qui tranchait complètement avec la pop des Rihanna et autres Katy Perry, Serena Ryder fait partie des chanteuses actuelles qui se démarquent par une écriture pop rassembleuse, mais pas convenue.

«La nouvelle musique pop est tellement éclectique qu'on ne peut pas l'associer à un genre, note-t-elle. C'est une période musicale très excitante.»

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Sur la scène de la Montagne, au parc Jean-Drapeau, samedi à 15h.