Derrière tous les spectacles à l'affiche d'Osheaga il y a le travail de l'équipe de Nick Farkas, vice-président aux concerts et événements chez evenko. Portrait du programmateur qui gère le plus grand budget de production en ville.

Le promoteur evenko a pris un risque en créant Osheaga, il y a huit ans. Nick Farkas, vice-président aux concerts et événements chez evenko, souffrait presque d'angoisse lors des débuts fragiles du festival.

Le baptême d'Osheaga a eu lieu en 2006, les samedi et dimanche du week-end de la fête du Travail. Au total, 15 000 personnes sont venues applaudir les Ben Harper, Sonic Youth, Flaming Lips et Malajube. Le public était comblé, mais l'événement n'était pas rentable.

Heureusement, la patience et la confiance du promoteur evenko ont permis à Osheaga de grandir d'une année à l'autre au point d'afficher complet ce week-end. Il faut dire qu'evenko a les reins solides: il produit tous les spectacles à grand déploiement au Centre Bell et plus de 1000 concerts de musique par année.

Nick Farkas a eu la piqûre du métier en voyant The Clash à l'Auditorium de Verdun, en 1983. Il a produit ses premiers spectacles avec un ami quelques années plus tard, en invitant à Montréal des groupes de hardcore comme Hüsker Dü et Sham 69. «Les groupes venaient peu à Montréal», se souvient-il.

Farkas a étudié en urbanisme et a travaillé comme messager à vélo. Son ami Paget Williams et lui ont ensuite orchestré des minitournées de Bad Brains et The Wailers au Canada. «Puis on a fondé Greenland avec Dan Webster et Nancy Ross [entreprise qui existe toujours aujourd'hui]", raconte-t-il.

Parmi les premiers gros coups de Nick Farkas: les spectacles de Smashing Pumpkins, au Spectrum, et de Bad Religion, au Métropolis, donnés à guichets fermés. «La deuxième année de Greenland, on a fait 200 spectacles et on travaillait tout le temps, raconte-t-il. Je me souviens du soir où on avait Nirvana à l'Auditorium de Verdun et Radiohead dans la salle d'un bar appelé Woodstock. À l'époque, il y avait peu de salles de spectacles. Aujourd'hui, c'est beaucoup mieux.»

Cinq and plus tard, Farkas s'est joint à l'équipe de Donald K. Donald. Depuis, il est resté fidèle à la société qui a changé de propriétaire et de nom plusieurs fois avant de devenir evenko (House of Blues Concerts, Gillett).

Montréal bien coté

Révolue, l'époque où les groupes écartaient Montréal de leur itinéraire de tournée, selon la croyance populaire. «Montréal est devenu incontournable. Pour la grosseur de la population, la quantité de billets qu'on vend est incroyable, lance Nick Farkas. Et la foule de Montréal, les bands en parlent pour vrai, et ils nous disent combien les gens sont chaleureux.»

Le promoteur evenko - propriété du groupe CH et des frères Molson - est de loin le plus grand acteur dans l'industrie du spectacle à Montréal, et même au Québec (rappelons que des pourparlers sont en cours pour l'acquisition de l'équipe Spectra par le groupe CH).

«On travaille en partenariat avec beaucoup de monde et il y a de l'espace pour d'autres promoteurs», dit Nick Farkas, qui collabore régulièrement avec Pop Montréal, I Love Neon et Greenland.

La scène musicale montréalaise est en forme, à la fois du côté des artistes que des mélomanes. «Tout cela fait tourner la roue. Le nombre de salles de spectacles et l'intérêt de la foule permettent aux groupes de se développer.»

Stress et imprévus

Difficile pour les nerfs, le job de Nick Farkas? «La température, c'est stressant. Un artiste pris aux douanes aussi», répond-il. Quand Eminem a confirmé sa présence à la dernière minute, en 2011, evenko n'avait que cinq jours pour trouver des artistes et ajouter une troisième journée de festival, tel que promis au rappeur.

Hier, Azealia Banks a annulé sa présence à Osheaga pour une infection à la gorge. Cela fait partie des imprévus auxquels font face Nick Farkas et son équipe de programmateurs. Mais c'est de la petite bière en comparaison des nuits blanches causées par les premières années d'incertitude d'Osheaga.

Et les bons souvenirs sont plus mémorables que les moments périlleux, comme le rappel que The Afghan Whigs a donné spécialement pour les amis de Nick Farkas, au Cabaret Juste pour rire, en 1998.