C'est la deuxième journée du festival Osheaga, aujourd'hui, au parc Jean-Drapeau. Les quelque 35 formations à l'affiche réunissent notamment Dumas, Feist, Snoop Dogg, The Jesus and Mary Chain, de même que Garbage. Entrevue avec le guitariste du groupe-phare des années 90, Steve Marker.

Garbage est l'un de ces groupes qui ont ressurgi récemment des années 90 pour lancer un nouvel album, Not Your Kind of People. Et voilà que la bande de Shirley Manson a repris le chemin de la tournée, ce qui réjouit au plus haut point son guitariste Steve Marker. «On fait des gros festivals en Europe. On joue avec des artistes avec qui on n'aurait jamais joué, comme Bob Dylan et The Cure», nous disait-il récemment, depuis Genève.

Steve Marker l'espérait, mais il ne prévoyait pas le retour de Garbage, qui s'est retiré dans l'ombre, car les membres du groupe «se tapaient sur les nerfs». «Nous sommes comme une famille. Nous avons compris qu'il faut travailler pour que ça marche entre nous. Aujourd'hui, je dirais que nous sommes plutôt comme des meilleurs amis.»

Steve Marker, Duke Erikson, Butch Vig et Shirley Manson n'auront finalement pris qu'une pause de sept ans. Frustrée de voir que son projet solo était trop pop aux yeux de sa compagnie de disque (qui voulait faire d'elle une «Annie Lennox» de sa génération), la chanteuse au caractère rebelle a donné un coup de fil à ses anciens potes qui allaient apprécier ses nouvelles compositions à leur juste valeur.

«On a fait l'album entre nous sans en parler à personne, raconte Steve Marker. Il n'y avait pas de pression de quiconque. Pour nous, c'était un retour à comment on travaillait à nos débuts en faisant nos trucs à notre façon.»

Garbage est un groupe atypique, ne serait-ce qu'en raison de sa genèse. En tant que «nerds» de musique, Steve Marker, Duke Erikson et Butch Vig (réalisateur de Nevermind de Nirvana) jammaient jadis dans un sous-sol du Wisconsin. Ils ont vu un clip à MTV et ça y était, ils avaient trouvé leur chanteuse: une Écossaise rouquine appelée Shirley Manson.

«Nous nous sommes toujours sentis comme les enfants bizarres d'une classe de cools, dit Steve Marker. Nous avons commencé à faire de la musique alors que le grunge était populaire. Nous arrivions avec des sonorités électro. Nous n'étions pas assez alternatifs et pas assez pop.»

Cela n'a pas empêché Garbage de vendre des millions d'albums et de développer un réseau de purs et durs amateurs. Des chansons du groupe ont marqué les esprits, que ce soit Only Happy When It Rains, Queer, Stupid Girl et I Think I'm Paranoid.

Tous des titres qui évoquent le spleen musical de la musique des années 90, très axé sur les mélodies. Ce n'est pas un hasard si le nouvel album de Garbage s'intitule Not Your Kind of People. Tel que Shirley Manson le soulignait en entrevue avec Vanity Fair récemment, les musiciens d'aujourd'hui partagent moins leurs travers et zones d'ombres. «Nous vivons dans une période où les gens luttent pour être parfaits», a-t-elle déclaré.

Pour son nouvel album, Garbage n'a pas tenté d'être au goût du jour, respectant le son et les arrangements électro-rock-industriels qui ont fait sa marque. «Il y a quelque chose de spécial avec notre musique, donc il fallait miser là-dessus, dit Steve Marker. En studio, nous avons décidé d'être nous-mêmes sans se poser de questions.»

Le spectacle que Garbage donnera ce soir au parc Jean-Drapeau réunira des nouvelles pièces et les plus grands succès du groupe. «Les premiers shows étaient terrorisants, comme si nous avions peur de tout avoir oublié, confie Steve Marker. Mais maintenant que la tournée est commencée, je n'aurais jamais pensé passer un aussi bon temps.»

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Garbage se produit ce soir, à 19h15, sur la scène de la Rivière.