Le Jamaïcain Jesse Royal fait certes partie de cette relance et l'actualisation du roots reggae.

Jesse David Leroi Grey a vécu sa petite enfance à St. James Parish, région de Montego Bay, avant de déménager avec sa famille à Kingston. À l'école, il fréquente le fils de Ziggy Marley, Daniel «Bambaata», les garçons bricolent ensemble leurs premières maquettes avec l'aide de Curt 'Qban'. Jesse fait ensuite la rencontre du jeune réalisateur Kareem 'Remus' Burrell, dont le père, Philip 'Fatis' Burrell, réalisera ses premiers enregistrements professionnels; Singing the Blues et Long Days and Short Nights, lancés en 2010. C'est le début d'une longue enfilade de singles et mixtapes: Misheni en 2012, In Comes the Small Axe en 2013, Royally Speaking en 2014, suivi d'un premier maxi en 2015, Hope & Love.

«C'est ma première fois à Montréal», annonce-t-il joyeusement au bout du fil lorsque joint en tournée plus tôt cette semaine.

Jesse Royal aime employer une rhétorique morale, mystique, socialement engagée et très proche de la philosophie rastafarienne.

«La terre continue de tourner, la vie continue, voilà les jeunes musiciens dont je fais partie. Outre le reggae, j'ai grandi dans la musique gospel et le patrimoine de mes ancêtres maroons, ces noirs qui avaient fui l'esclavage en Jamaïque et fondé des communautés dans les montagnes. D'où je viens, nous connaissons l'oppression, nous connaissons les vices du système. Cela fait partie de mon patrimoine et cela s'inscrit dans ma musique.»

Ainsi, il soutient que sa musique est rebelle, mais aussi spirituelle et porteuse d'espoir.

«La musique, renchérit-il, est un véhicule très puissant, propice à l'éducation des générations émergentes. C'est le médium idéal pour faire le lien entre le travail qui a été fait et le travail qui doit être accompli. Nous sommes honorés de poursuivre cette mission divine.»

Et quelle est cette mission?

«Notre message consiste la reconnaissance de nos droits de libres êtres humains. Notre message en est aussi un d'amour: amour du prochain, amour de la terre et de l'environnement. Plutôt que de nous plaindre nous essayons de repousser les maladies sociales, éviter les guerres.»

Musicalement, la contribution de sa génération n'est pas acquise selon lui:

«Le temps le dira. Contrairement aux générations antérieures du reggae, nous avons écouté une variété de styles - hip hop, soul, R&B, rock, jazz. Notre interprétation est légèrement différente en ce sens. Mais le temps dira si notre travail est marquant, je ne peux me prononcer sur moi-même. Mes musiciens et moi nous nous appliquons à poursuivre l'édification d'une musique qui est plus grande que nous. Nous ne nous préoccupons pas tant de notre succès individuel, nous sommes déjà honorés de faire partie du monde musical au-delà du reggae, nous y apportons humblement notre contribution.»

L'instrumentation de Jesse Royal est classique: guitare, basse, claviers, batterie, voix.

«J'enregistre avec cette même formation et je travaille avec d'autres musiciens et réalisateurs pour stimuler notre créativité. Je suis moi-même réalisateur, je toujours impliqué dans la production de mes chansons», explique-t-il.

Quant à ce «reggae revival» auquel plusieurs médias l'associent, il n'a que faire de l'expression.

«Les gens aiment bien coller des étiquettes, ça les rassure. Je ne m'en formalise pas mais je préfère recommander aux gens d'écouter la musique. C'est beaucoup plus instructif et nourrissant.»

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Ce vendredi, 21h, Jesse Royal se produit au Théâtre Fairmount, dans le cadre des Nuits d'Afrique.