Un nouvel album attendu à la rentrée, des pièces qui renouent avec la dynamique du duo après un disque truffé de collaborations, une tournée qui mettra fin à quelques années d'absence en Amérique du Nord... C'est sans aucun doute la saison des retours pour  les grandes vedettes de la scène world Amadou et Mariam. Le couple malien retrouvera le public du Festival international Nuits d'Afrique ce soir au Métropolis.

Avec un nouveau simple sous le bras - la petite bombe afro-disco Bofou Safou -, Amadou et Mariam comptent bien dégourdir les festivaliers avec une recette qui a fait école: des textes souvent engagés sur des airs aussi rythmés qu'ensoleillées.

«Le langage peut être dur, mais la musique est sympa, elle permet de danser tout en réfléchissant. C'est bon», résume Amadou Bagayoko, qui partage sa vie et son art avec Mariam Doumbia depuis plus de 35 ans.

Véritable appel à l'action inspiré, selon Amadou, «par des gens à côté de nous qui se croisent les bras, qui ne veulent rien faire, qui sont découragés», la chanson Bofou Safou cadre bien dans ce portrait. 

«C'est pour dire aux gens de ne pas rester dans l'anonymat, explique le guitariste. Chacun doit poser sa petite pierre, chacun doit essayer de se rendre utile à la société. Il y a beaucoup de moyens de le faire. On peut travailler, on peut aider, il y a le bénévolat, il y a un peu de tout. Mais l'essentiel, c'est de pouvoir faire quelque chose. Dans l'humanitaire ou dans le travail normal, il faut essayer de poser des actions pour montrer que c'est possible de participer pleinement à la vie de ce monde sur Terre.»

Retour à la «formule originale»

Au fil des ans, Amadou et Mariam ont partagé le micro ou les planches avec de grands noms de la musique: on pense à Manu Chao, qui les a propulsés en mettant sa griffe sur le salué Dimanche à Bamako, à Damon Albarn (Blur, Gorillaz) et M, qui ont participé au disque Welcome to Mali, ou à Coldplay, qui les a invités à assurer la première partie de concerts aux États-Unis. En 2012, le «couple aveugle du Mali» a fait paraître Folila, un album forgé avec une multitude d'artistes invités, dont l'ex-Noir Désir Bertrand Cantat, qui s'était fait discret depuis sa sortie de prison, la chanteuse Santigold, et Jake Shears du groupe Scissor Sisters. 

Cinq ans plus tard, Amadou et Mariam se sont recentrés sur leur duo pour s'attaquer à la suite des choses.

«Cette fois-ci, on a voulu que ce soit Amadou et Mariam seulement. On a fait le tour, on a joué avec beaucoup de gens», explique Amadou Bagayoko.

«Le dernier album, il était entièrement fait de collaborations, rappelle le guitariste. Dans chaque morceau, il y avait un chanteur invité. Nous aimons le changement, alors nous avons changé. Nous nous sommes quand même entourés de quelqu'un qui s'appelle Adrien Durand, qui fait les claviers et qui a réalisé l'album avec nous. C'était bien de revenir à notre formule originale.»

Situation politique du Mali

Intitulé La confusion, ce prochain album sera teinté de l'état du monde et de l'instabilité politique qui règne au Mali. Le duo a travaillé sur les maquettes des nouvelles chansons à Bamako avant de les enregistrer à Paris. Amadou évoque ce coup d'État «qui a tout foutu en l'air», et la transition compliquée qui a suivi. «Les choses se sont déplacées. Les petits sont devenus les grands et les grands, les petits. On ne sait plus comment faire, on ne sait plus où donner de la tête. On vit dans la confusion», dit-il.

«Le contexte politique est agité, explique-t-il. Les gens sont à la recherche d'une vie nouvelle et d'un nouveau Mali qu'il faut bâtir avec tous les Maliens, même si cela ne va pas sans problèmes, sans incompréhensions. On a besoin de se parler, on a besoin de beaucoup d'arguments pour pouvoir construire ce nouveau Mali après tout ce désordre qui s'est installé.» 

«On essaie de trouver des moyens d'unifier le pays pour que les Maliens puissent parler d'une seule et même voix. C'est très difficile. Mais je pense que ça suit son chemin. Je pense qu'avec de la détermination, on arrivera à travailler main dans la main», pense Amadou Bagayoko.

Amadou et Mariam reviennent sporadiquement dans le pays où ils sont nés et où ils se sont rencontrés, à l'Institut des jeunes aveugles de Bamako. Pour ces grands voyageurs, la maison se trouve toujours au Mali. Et ils se font une fierté de se faire l'écho de la culture malienne aux quatre coins du monde. «Ça fait longtemps qu'on joue au Québec et ça nous fait vraiment plaisir d'y retourner, parce que ça fait un moment qu'on n'y est pas allés, avance Amadou. Il y a un bon public pour nous là-bas. Ça fait plaisir de chanter avec un pays francophone du Nord. On parle français même s'il y a de petites différences. C'est un grand plaisir de pouvoir véhiculer la francophonie et de pouvoir chanter en français devant tout ce monde.»

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Amadou et Mariam, au Métropolis, ce soir, à 20 h 30.