Avec sept séries au lieu de cinq l'an dernier, une soixantaine de concerts en salle (payants) et en plein air (gratuits) et de multiples scènes investies par des pointures de toutes tailles (Tiken Jah Fakoly, Tabou Combo, Mamadou Diabaté, Admiral T...), les 28es Nuits d'Afrique dédient à feu Nelson Mandela leur programmation échelonnée du 8 au 20 juillet.

Si la mémoire du grand leader disparu sera honorée, les musiques de son pays ne seront pas très présentes au festival montréalais, force est d'observer. «L'impact de la musique sud-africaine sur cette grille de concerts ne s'en ressent qu'un petit peu», reconnaît Frédéric Kervadec, directeur de la programmation.

«Puisque tous les festivals du monde ont aussi pensé à l'Afrique du Sud cette année, les groupes qui nous intéressent tournent en Europe cet été... Du coup, on se débrouille à notre manière; par exemple, le virtuose de la kora Mamadou Diabaté, qui participera à notre Nuit de la kora, lancera bientôt un album intitulé Nelson Mandela. Nous avons également invité notre Lorraine Klaasen, chanteuse montréalaise d'origine sud-africaine, dont la participation remonte aux débuts du festival.»

En fait, Frédéric Kervadec et son équipe n'ont pas cherché à adopter une ligne directrice cette année, contrairement à l'angle choisi l'an dernier avec les musiques du désert.

«Nous essayons néanmoins de présenter beaucoup de nouveautés, dont certaines se trouveront dans deux nouvelles séries en salle: la série Prestige sera présentée dans un cadre intimiste et confortable au Gesù, tandis que la série Urban Africa accueillera au Cabaret du Mile End des musiques de tendances hip-hop, soul et R&B, tendances qui se mélangent de plus en plus aux couleurs africaines ou caribéennes.»

Ainsi va la sono mondiale!

Dix choix commentés par le directeur de la programmation

Grands événements en salleLos Van Van

«Le concert rendra hommage à Juan Formell, fondateur de Los Van Van, que l'on surnomme les «Rolling Stones de la salsa», indique Frédéric Kervadec, directeur de la programmation. C'est dire s'ils déménagent! Depuis 1969, le band cubain le plus populaire de tous promène ses timbas sur les scènes du monde entier.»

Tiken Jah Fakoly

«Montréal l'attend plus que jamais, à la suite d'un rendez-vous raté il y a deux ans. Ça tombe bien: le reggaeman piaffe d'impatience à l'idée d'y donner un concert d'anthologie, sur les beats de son tout nouvel album, Dernier appel

Musiques urbaines

Admiral T

«Bien qu'issu de l'underground, il a été élu personnalité préférée des Guadeloupéens en 2006. Les textes de ce porte-parole de la jeunesse défavorisée se déploient en un phrasé ultrarapide, signe distinctif de son reggae dancehall taché d'électro, de R&B et de soca.»

Nomadic Massive

«Cinq chanteurs, cinq langues (anglais, français, espagnol, créole, arabe), un groupe d'ici. Nomadic Massive est à la scène hip-hop ce que Montréal est à l'Amérique du Nord: unique et franchement cool.»

Les révélations

Debo Band

«Profondément éthiopien et totalement world à la fois, le son du Debo Band n'entre dans aucune case et c'est tant mieux! Le New York Times a qualifié sa musique de "complexe et exaltante".»

Ersnesto Dabo

«Il fut le premier à avoir popularisé le gumbe, une musique traditionnelle animiste très rythmée et non moins chaleureuse. Après l'Afrique et l'Europe, cet auteur-compositeur-interprète a enregistré son nouvel album, Lembrança, à Montréal.»

Soirées prestigieuses

Meklit

«Meklit égrène son patrimoine éthiopien sur des portées aux accents folk et jazz. Selon le Wall Street Journal, son nouvel album, We Are Alive, «témoigne de la conviction qu'a l'artiste que la vie vaut la peine d'être vécue à fond, malgré les difficultés».»

La Nuit de la Kora

«Avec ses 21 cordes, la kora est un instrument fascinant qui, plus que nul autre, évoque l'Afrique mandingue. Zal Sissokho, puis Mamadou Diabaté, deux griots virtuoses de cette harpe-luth, donneront chacun un spectacle tout en finesse.»

Soirées au Quartier des spectacles

Black Bazar

«L'écrivain Alain Mabanckou a réuni les piliers de la musique de Kinshasa, Brazza et Lagos; ces vétérans de l'âge d'or de la musique congolaise brassent avec génie sonorités traditionnelles et rythmes des discothèques africaines.»

Tabou Combo

«Formation plus qu'influente, Tabou Combo a été l'un des groupes à l'origine de la vague zouk des années 80. Bien ancré dans ses racines, mais aussi influencé par le rock'n'roll, le disco et des groupes R&B/funk comme Earth, Wind and Fire, le son de ce monument haïtien est conçu pour danser!»

Photo: fournie par Nuits d'Afrique

Mamadou Diabaté