En toute franchise, la soirée Madagascar Wake Up a été une surprise plus qu'agréable pour les profanes venus en éclaireurs au Cabaret du Mile-End. Dans le plus pur plaisir, ils se sont joints aux Montréalais d'origine malgache, visiblement heureux de renouer avec leur culture populaire et certaines de leurs figures de proue.

Non seulement cette musique et ces chants s'avèrent-ils joyeux et entraînants dans un club plein à craquer, mais encore sont-ils chargés d'une substance exclusive à cette île-continent de l'océan Indien.

Plus précisément au programme de mercredi, le salegy, joué surtout dans le nord du pays et popularisé par Eusèbe Jaojoby, un des plus célèbres chanteurs de Madagascar. Ce style, il faut insister, se distingue par des formes aussi étonnantes qu'uniques au monde.

Primo, s'y déploie un rythme ternaire (souvent 12/8) joué très vivement et très rapidement, sorte de continuum à grande vitesse jamais ponctué sur le temps fort par la basse et les percussions.

Secundo, on y observe le rôle crucial d'excellents guitaristes acoustiques et bassiste qui doivent tricoter serré en toute rapidité sur ces chapelet de rythmes - Charles Kely, authentique virtuose du genre, Lucas  et Jackson Jaojoby. Il arrive aussi que des accordéons s'expriment bellement, ce qui n'était pas le cas à Montréal.  

Tertio, les airs métissés de ces chansons allègent la complexité musicale. Les mélodies puisent dans  les cultures lointaines de l'archipel indonésien, de la partie orientale de l'Afrique, de l'Inde ou autres zones limitrophes à l'origine du melting-pot malgache. Au-dessus des rythmes et des harmonies, donc, planent les voix.

Hommes et femmes chantent,  hommes et femmes dansent : Razia Said (initiatrice de ce plateau d'artistes), Eusèbe Jaojoby, Claudine Zafinera et Roseliane Jajoby, respectivement épouse et fille du chanteur.

Tour à tour, ils se partageront le micro principal, on ne pourra que se réjouir de ces grooves si particuliers, mis cette fois au service de la lutte contre la déforestation et la désertification à Madagascar, un fléau qui en crée de nouveaux - famine, délinquance, banditisme, prostitution, enfin tous les problèmes liés à la pauvreté extrême.

Dosage idéal entre plaisir et engagement? Mets-en.