Lorsqu'il fut mis sur pied en 2000, ce groupe malien se composait de Sam, fils d'Amadou et Mariam, ainsi que de Mouzy, Ousco et Donsky. D'où l'acronyme SMOD.

Mouzy prit rapidement un autre chemin, l'acronyme resta intact. Un premier album, Dunia Kuntala, qui signifie «le cours de la vie», fut créé en 2002. Ta I Tola, c'est-à-dire «vas-y», fut rendu public en 2004. Ami de la famille puisqu'il avait déjà réalisé Dimanche à Bamako, fasciné par le hip hop folk mâtiné de musiques traditionnelles bambaras et sonrhaïs de SMOD, Manu Chao a piloté la réalisation du troisième album (sans titre) de SMOD, lancé en 2010 sous étiquette Because.

Le groupe malien est d'ailleurs venu en défendre le contenu aux FrancoFolies l'an dernier, indique Sam à peine sorti de l'avion qui vient d'atterrir à Montréal. Ce jeudi aux Nuits d'Afrique, le groupe pourra compter sur une visibilité accrue:

«Musicalement, précise-t-il en outre, nous essayons de combiner la douceur des chants au rythme des paroles dans le rap. Sur scène, nous avons une guitare acoustique, des claviers et des machines qui produisent le rythme. Nous sommes quatre sur scène - un musicien est avec nous pour compléter.»

Un prochain album de SMOD est en préparation, il devrait être terminé d'ici la fin de l'année.

«Manu Chao? Oui on reconnaît sa touche sur dernier album alors que le prochain sera très différent. On ne sait pas pour l'instant s'il s'impliquera. Nous terminons les prises de son, nous verrons ensuite pour le travail de finition. Nous envisageons des collaborations avec d'autres personnes. Pour l'album précédent, on avait un style engagé et ça allait très bien avec le style de Manu Chao qui est aussi engagé.»

Qu'entend-on par engagement chez SMOD? Sam fournit des exemples:

«Nous croyons que toutes les ethnies du Mali sont égales, que les Maliens sont tous les mêmes indépendamment de leurs origines. Nous étions pour l'unité nationale du Mali bien avant le coup d'État et le contrôle du Nord par les islamistes armés. On exigeait déjà des politiciens qu'ils fassent la correction des inégalités sociales au Mali, facteurs de division. Aujourd'hui, le pays traverse une période extrêmement difficile. Ce qui s'y passe nous préoccupe et nous touche énormément. Nous sommes désolés, nous ne sommes pas contents. Nous n'aimons pas cette fracture du pays, nous voulons que ça cesse. Nous voulons que les politiciens arrivent à trouver une solution le plus vite possible. Une chanson du prochain album, d'ailleurs, traitera de ce grave problème...»

Quant à l'ambiance à Bamako, Sam la décrit comme étant relativement calme depuis l'arrivée au pouvoir de la junte militaire:

«Lorsque le coup d'État s'est produit en mars, nous étions à Bamako. Malgré tout depuis lors, on peut y entrer et en sortir assez facilement. On peut y circuler. À la radio, nous avons parlé librement de la paix. De la junte militaire au pouvoir? Non. Enfin... nous préférons parler de l'union et de l'intégration. Et nous aimons toujours rappeler que la joie et la chaleur humaine existent au Mali.

«Si la démocratie reviendra? Je pense que oui, ces moments pénibles ne seront pas éternels. On finira bien par se débarrasser des Islamistes armés qui contrôlent le nord du pays. Le territoire ne leur appartient pas, la population est contre eux. Elle va les faire quitter. Mais d'abord, nous avons besoin d'un gouvernement d'union nationale...»

Et si on parlait d'union familiale en terminant? Sam est le seul des trois enfants d'Amadou Bagayoko et Mariam Doumbia à pratiquer le même métier que ses célébrissimes parents. Breima (Ibrahima), l'aîné, est «dans le commerce» et la soeur, Kadiatou, «dans la communication». Quant aux antécédents artistiques et familiaux de notre interviewé, ils semblent plus utiles que lourds à porter.

«Je vis ça très très bien, tranche-t-il calmement. Car on finit par me reconnaître comme je suis, c'est-à-dire très différent de mes parents même si nous avons une très bonne relation, même s'ils nous donnent plein de conseils. Sont-ils influencés par SMOD? Euh... non: le rap et notre musique relèvent d'un autre système!»

SMOD se produit gratuitement ce jeudi, 20h05, au Village des Nuits d'Afrique situé au Parterre du Quartier des spectacles.