De mardi à dimanche, MUTEK propose des centaines de performances et DJ sets. Nous suggérons ici six trajectoires à faire en six soirs au festival international de créativité numérique et de musiques électroniques qui se déroule pour la 18e fois à Montréal.

MARDI 

Nocturne 1 avec Emergence de Max Cooper, 21 h, à la SAT

La soirée d'ouverture est consacrée au Britannique Max Cooper, qui présentera la phase finale de son projet audiovisuel Emergence, soit « l'histoire des lois et processus naturels, leur beauté inhérente et leur action qui génère l'univers, nous-mêmes et le mode dans lequel nous vivons », dixit le principal intéressé sur son site internet. L'oeuvre se fonde sur les liens établis par le créateur sur ses intérêts avec la science, la musique et les arts visuels. La trame narrative évoque la trajectoire de l'univers pré-Big Bang jusqu'à l'avenir biotechnologique. Emergence implique la collaboration de mathématiciens, de scientifiques, de musiciens et d'artistes visuels. Il ne s'agit pas d'une présentation rigoureuse d'idées scientifiques, mais bien d'une expression artistique de la science moderne à travers les arts visuels et la musique. Ce qui a mené Max Cooper, lui-même détenteur d'un doctorat en biologie computationnelle, à enregistrer le tout sur Mesh, label dont il est le fondateur. L'exécution d'Emergence sera précédée du trio Timbre, constitué des musiciens Matt et Mark Thibideau et de l'artiste visuel Markus Heckmann.

MERCREDI

Nocturne 2 avec Daphni, 21 h, Métropolis

Surtout connu sous les pseudos Caribou et (naguère) Manitoba, lauréat du prix Polaris 2007, invité de Radiohead pour l'avant-dernière tournée du supergroupe qui fit escale au Centre Bell en 2012, venu au Métropolis, en novembre 2014, le Canadien (transplanté à Londres) Daniel Snaith incarne cette fois Daphni, personnage électro via lequel il a lancé un deuxième album en 2017 : Fabriclive 93, sous étiquette Fabric. Au Métropolis, le musicien et docteur en mathématiques offrira six heures de DJisme ! Depuis plusieurs années, les programmateurs de MUTEK sollicitent ce vaste programme, le rêve devient réalité. Pour l'occasion, l'amphithéâtre sera transformé en lounge, c'est-à-dire que Daphni travaillera sur le parquet et sera immergé par son public. « C'est un must parce que nous n'avons jamais confié une soirée complète à un seul artiste », clame fièrement Alain Mongeau, directeur artistique et fondateur de MUTEK.

JEUDI

A/Visions 1/Lumière III avec Robert Henke, 19 h, Monument-National

Nocturne 3 avec Drone Activity in Progress, 21 h, Métropolis

Robert Henke, que l'on a déjà vu en mode Monolake, présente au Monument-National Lumière III. Il s'agit de la plus récente version d'un projet audiovisuel en marche depuis quelques années. L'objet essentiel de cette performance est l'exploration des potentialités de quatre lasers. L'artiste originaire de Munich est à la fois créateur et ingénieur. On lui doit la conception du logiciel Ableton Live, créé de concert avec Gerhard Behles, sans compter plusieurs autres consacrés à son approche audiovisuelle. Inutile d'ajouter qu'une connaissance profonde des algorithmes fait partie intégrante de son art numérique. Ce même jeudi, la soirée Nocturne 3 du Métropolis présente un programme complet consacré au drone : les Canadiennes France Jobin et Sarah Davachi, le Britannique Anthony Child (aussi connu sous le pseudo Surgeon), le Néo-Zélandais Fis et le Norvégien Deathprod bourdonneront tour à tour jusqu'aux petites heures.

VENDREDI

Nocturne 4, soirée techno, 22 h, Métropolis

MUTEK en a fait une tradition avec sa soirée de vendredi, présentant année après année une sélection très relevée d'artistes technos. Le programme 2017 propose d'abord le tandem constitué de l'Américain Devon Hansen (Stefan Jos) et de la Canadienne Leticia Trandafir (softcoresoft) pour leur projet Demora. « Diplômée » de la Red Bull Music Academy, la New-Yorkaise Aurora Halal n'exclut pas la voix et la mélodie, malgré la prédominance technoïde de son approche. Seule formation française au programme du 18e MUTEK, Polar Inertia déborde souvent le cadre de la techno en suggérant des performances assorties des textes, peintures, photographies et vidéos. Le clou de la soirée est la performance du Britannique Surgeon, qui fait équipe avec l'Américaine Lady Starlight, convertie à l'électro. Ce personnage haut en couleur a déjà travaillé avec Lady Gaga - d'aucuns affirment qu'elle serait une influence déterminante pour la superstar.

SAMEDI

Nocturne 5 avec Jazzed for Gyration, 23 h, Métropolis

De samedi à dimanche, c'est la nuit blanche de MUTEK au Métropolis. Ses programmateurs la veulent « festive et groovy ». Le programme s'amorce à 23 h avec le producteur torontois Brian Wong (alias Gingy) et Kevin McPhee, qui sont parmi les réalisateurs clés de la scène électro de Toronto. Ils seront suivis de Fred Peterkin, producteur originaire de Flatbush, quartier afro-américain de Brooklyn. À quoi s'attendre ? À tout : le mec aime le jazz, le blues, la soul, le R & B, le hip-hop, mais aussi la techno, la house et le psychédélisme. Féru de tech-house, de dub et de jazz, l'ex-Montréalais et Berlinois Mike Shannon fait ensuite équipe avec l'Allemand DeWalta (Koch de son vrai nom), qui a d'abord étudié le jazz et la composition avant de se convertir à l'électro ; inutile d'ajouter que sa formation d'hier rejaillit sur ses performances d'aujourd'hui. Du tandem Detroit Swindle, que forment les Hollandais Maarten Smeets et Lars Dales, on peut prévoir une prestation mâtinée de funk, de house et de disco. Il sera 3 h 35 lorsque Zip entrera en scène et fermera boutique à 6 h ! Rappelons que l'Allemand Thomas Franzmann (de son vrai nom) est l'un des cofondateurs du label Perlon, célèbre pour son minimalisme et sa micro-house.

DIMANCHE

Nocturne 6 avec Other Hemispheres, 19 h, SAT

Pour les programmateurs du 18e MUTEK, soit Alain Mongeau, Patti Schmidt et Vincent Lemieux, la conclusion du festival est « l'occasion de se faire plaisir ». Vaste buffet pour le « dessert » ! L'espace principal de la SAT et la Satosphère sont mobilisés pour l'ultime soirée. Sous le dôme, on a droit aux performances majoritairement locales de Murcof (qui jouera en direct la bande originale d'un film réalisé par Patrick Bernarchez), Jonathan Hawchuk, Kara-Lis Coverdale, LLL, You're My Band, ESB, Sean Caruso, Harvey Sutherland, Melesul3. Au rez-de-chaussée, se succèdent Jimmy Lakatos & Guillaume Arsenault (Québec), Tokiomi (Japon), Anchorsong (Japon), Nicola Cruz (Équateur), le duo Africaine 808 (Allemagne) et Kuniyuki (Japon). Pour bien des mélomanes enclins à l'éclectisme sous le dénominateur électro, l'Équatorien Nicola Cruz est une prise de choix ; on se souvient de son excellent album Prender El Alma, paru en 2015.

Photo tirée de la page Facebook de Max Cooper

La soirée d'ouverture de MUTEK est consacrée au Britannique Max Cooper, qui présentera la phase finale de son projet audiovisuel Emergence.