Richie Hawtin, 41 ans (samedi), s'est maintes fois produit à Montréal sous la bannière Plastikman, un des multiples pseudos qu'il a endossés au cours des deux décennies d'aventures électroniques:  Chrome, Concept 1, Forcept 1, Circuit Breaker, Robotman, Spark, Xenon, F.U.S.E., etc. Et l'on ne compte pas les groupes auxquels il a été associé - The Hard Brothers, Hard Trax, Cybersonik, Final Exposure, Just For Fun et autres Narod Niki.

Foisonnant dites-vous?

«Très content d'être de retour, car le public montréalais est connaisseur de musique électronique», amorce courtoisement Richie Hawtin, à peine débarqué dans notre île. Le musicien canadien ne cesse de se déplacer de par le monde, il indique en outre qu'il possède toujours un studio à Windsor et que sa résidence principale se trouve à Berlin, épicentre des secousses sur la planète électro.

Artiste d'expérience, Plastikman ne revient pas à Mutek pour y bouleverser les fondements de sa musique. Il fait partie des valeurs sûres, de ces têtes d'affiches essentielles à tout festival pérenne.

«C'est une synthèse de mon travail, je retourne dans mon passé et je donne un aperçu de ce que cette musique est devenue et deviendra. Un pied dans l'avenir, l'autre dans le passé. Je réinterprète mon travail antérieur et je vois si cela peut s'intégrer aujourd'hui.»

En fait, cette synthèse actualisée de sa musique sert à redéfinir son approche sur scène.

«Car faire de la musique en studio et en faire sur scène sont deux pratiques très différentes. En ce sens, mes spectacles sont très rythmiques; j'y varie les tempos de 60 à 130 BPM  (pulsations par minute), j'utilise le Roland TB-303 dont les basses soutiennent les mélodies de Plastikman. Récemment, j'y ai ajouté des effets plus bizarres. J'aime jouer avec les dynamiques, l'anticipation. La direction n'est pas toujours la même; chaque soir, j'essaie de suggérer un itinéraire différent, raconter une histoire différente.»

Pour ce, Plastikman préconise une expérience audiovisuelle totale.

«Il s'agit pour moi de trouver ces moments magiques de la rencontre entre le son, la lumière et  l'image. Ainsi, différentes forces entrent en jeu et rehaussent l'expérience. Il se crée une synergie, c'est-à-dire que la combinaison de chaque aspect de mon spectacle est supérieure à leur addition.»

À l'instar d'Amon Tobin et autres musiciens électros désireux de dépasser le stérile show de machines devant public, Richie Hawtin travaille avec des professionnels de haut niveau, notamment Ali Demirel et Eric Schmidt. En tournée, neuf personnes constituent l'équipe de Richie Hawtin.

«Nous «composons» ensemble, explique le principal intéressé. Certaines boucles sonores, par exemple, peuvent induire des boucles visuelles. Une pièce inspirée par la notion de cercle peut impliquer des formes circulaires tant sur le plan sonore que visuel. Ainsi se tient une conversation entre les médiums. Et cette conversation n'a pas de fin: ce spectacle est en marche depuis un an et n'a cessé d'être transformé depuis. Dans mon studio ontarien, je viens de passer trois semaines à raffiner le show en y développant de nouvelles pièces.»

Inspiré par les pionniers de la création technoïdes from Detroit, une ville voisine de la sienne alors qu'il était adolescent, Richie Hawtin sait bien qu'il a émergé à l'âge d'or de la techno.

«J'en suis conscient mais je crois que nous vivons actuellement une période très excitante, particulièrement au chapitre de l'interactivité. Il y a 15 ou 20 ans, je relevais des défis en studio alors que c'est avec la scène que ça se passe aujourd'hui. Mon travail consiste désormais à comprendre comment les technologies potentialisent les individus et quelles sont les connexions possibles entre différents médias pour y parvenir. C'est la piste que j'ai emprunté.»

Richie Hawtin alias Plastikman se produit dans le cadre du programme Nocturne 3, présenté par Mutek ce vendredi au Métropolis à compter de 22h.

Pour infos :https://www.mutek.org/fr/festivals/montreal/2011