Dehors, il faisait doux et chaud, à Montréal en lumière, jeudi soir. Mais il faisait encore plus doux et chaud à l'Astral, où Bïa présentait son nouveau spectacle, accompagnée de la pianiste Jessica Vigneault et de la violoncelliste Sheila Hannigan.

Un spectacle comme un jardin, frais, ondoyant, bigarré, un peu fou, où la belle jardinière n'aurait fait pousser que des chansons qu'elle aime, sans autre logique que celle du plaisir et de la beauté, de la bossa-nova et de la chanson française.

C'est aussi et surtout un spectacle où toutes les Bïa sont bien mises en valeur. D'abord, la guitariste douée, appuyée par deux des meilleures musiciennes qui soient.

Ensuite, l'auteure-compositeure défendant avec ferveur ses chansons comme Coeur vagabond, mais aussi de toutes nouvelles (dont une très charmante Beijo, ou baiser).

Et puis, l'adaptatrice brillante qui a proposé ses belles versions en portugais de morceaux comme Jardin d'hiver d'Henri Salvador ou Bille de verre de Leforestier et Rivard. Ou l'adorable conteuse quand elle bavarde et se raconte entre les morceaux - ou quand elle se trompe et se rattrape en badinant.

Enfin, l'interprète, particulièrement inspirée, hier, quand elle chantait Les éléments (de Gilles et Jessica Vigneault) ou Le rendez-vous (de Vigneault-Léveillée, transformée en véritable tango!), quand elle interprétait une Besame mucho franchement bouleversante ou une Cucurrucucú Paloma poignante et tragique (en duo avec la chanteuse Alejandra Ribeira), quand elle reprenait à sa manière Jobim ou les Beatles ou Édith Piaf...

Ça coulait de source, simplement, chaleureusement, hétéroclite et pourtant fluide. Apaisant et vivifiant tout à la fois, comme un jardin d'hiver, épanoui dans cette chère petite serre qu'est l'Astral...

Tous dehors

Un mot en finissant : le site extérieur de Montréal en lumière est un pur plaisir, avec ses divans en plein air, ses braseros rassembleurs, ses éclairages chatoyants, le petit film À propos de Stern (projeté deux fois par soir sur l'édifice Balmoral et qui évoque Chaplin, Tati et Terry Gilliam), sa bouffe de rue - j'ai même essayé la surprenante poutine Cabane à sucre (jambon et sirop d'érable) et c'est bon! Excusez le mauvais jeu de mots, mais c'est cool, hein, l'hiver, dehors?