Si une bombe avait explosé au Conservatoire de musique de Montréal, hier après-midi, la scène musicale montréalaise serait décimée.

Pardonnez-nous ce scénario catastrophe, mais cela témoigne de tout le talent qui entourait Forêt, hier, alors que le duo répétait pour son spectacle événementiel présenté demain soir à l'Usine C dans le cadre du festival Montréal en lumière.

La chanteuse Émilie Laforest et le guitariste Joseph Marchand seront entourés de 11 musiciens. D'abord du Quatuor Molinari, puis d'un groupe formé du claviériste-réalisateur François Lafontaine (Karkwa), du batteur Robbie Kuster (groupe de Patrick Watson), du contrebassiste Dominic Girard et du bassiste jazz Morgan Moore (quartette de Yannick Rieu), sans compter une section de cuivres réunissant Louis-Pierre Bergeron, Isabelle Lavoie et Julie Harnois.

L'idée du spectacle est venue de Frédéric Lambert du Quatuor Molinari, puis a été relancée par le compositeur Mélik-Alexandre Farhat (partenaire de studio de Joseph Marchand), qui signe les orchestrations de toutes les chansons que Forêt interprétera demain. «Ça reste dans le format chanson, mais avec une touche moderne», explique celui qui a bossé près de deux mois à temps plein pour accomplir la tâche pour laquelle il s'est porté volontaire.

Tout ce travail pour un seul spectacle frise la folie en termes de salaire horaire. C'est plutôt une affaire d'amitié et de passion musicale geek. «C'est un peu maso, opine Joseph Marchand. On mise beaucoup sur notre plaisir par rapport au travail que ça représente [...] Mais c'est cool, car c'est la première fois que toute la gang qui a enregistré notre album est réunie au complet. Il manque juste Philippe Brault.»

Mélik-Alexandre Farhat a fait un travail de moine. «Ce qui a pris le plus de temps, c'est d'écrire les partitions pour chacun des musiciens», explique-t-il.

Hier, les 13 musiciens répétaient pour une première fois. En plus des partitions, ils ont reçu les directives du scénographe Max-Otto Fauteux pour se guider. «Tout le monde est bon et c'est un peu magique», a lancé Joseph Marchand.

Pas trop de chefs pour le nombre d'Indiens? «Nous sommes des personnalités explosives, mais tous des musiciens qui ont une grande écoute», répond Émilie Laforest.

Frédéric Lambert du Quatuor Molinari s'émerveillait de voir le langage rock se marier aussi naturellement au langage classique. «Nous sommes comme deux orchestres de chambre en un. Ils ont beau parler du deuxième verse et nous de la mesure 37, un coup que tu fais 1-2-3-4, ça part, pis ça marche.»

Des nouvelles chansons de Forêt

Depuis quelques années, le Quatuor Molinari favorise les rapprochements entre les univers pop et classique. Formé d'Olga Ranzenhofer (premier violon), Frédéric Bednarz (deuxième violon), Frédéric Lambert (altiste) et Pierre-Alain Bouvrette (violoncelliste), le quatuor a partagé la scène avec Philippe B et Avec pas d'casque.

De se frotter cette fois-ci à l'univers de Forêt est naturel. Après une formation en chant classique, la chanteuse Émilie Laforest a bifurqué vers la musique contemporaine. Quant à sa douce moitié musicale et matrimoniale, Joseph Marchand, le guitariste a accompagné sur scène Ariane Moffatt, Stéphanie Lapointe et Pierre Lapointe, pour ne nommer que ceux-ci. «Nos chansons se prêtent à l'exercice, car leur structure est complexe», indique Émilie Laforest.

En ouverture, le Quatuor Molinari interprétera le dernier mouvement du Quatuor à cordes no.11 de R. Murray Schafer. Suivra Forêt avec ses chansons, dont quatre nouvelles. «On met un pied dans notre deuxième album avec ce spectacle-là», annonce Émilie Laforest.

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Forêt, le Quatuor Molinari et sept grands musiciens de Montréal se produisent demain soir à l'Usine C.