Piqué au vif par le «manque de respect» de Montréal en lumière, le président d'honneur du volet gastronomique du festival a claqué la porte de l'événement après une prise de bec en cuisine.

Francis Mallmann, un chef argentin réputé, a expliqué avoir reçu vendredi la visite d'une organisatrice du festival. Toujours selon lui, elle aurait critiqué la présentation des plats qu'il comptait servir au cours du premier de deux soupers. Il pointe du doigt Germaine Salois, directrice du volet gastronomique de Montréal en lumière.

«Avant le service, vers 16h, elle m'a dit [...] que la présentation de ma cuisine insultait ses invités», a-t-il relaté en entrevue avec La Presse. Mme Salois lui aurait demandé de changer la présentation de ses assiettes.

«Je lui ai dit que je ne changerais rien, que ça faisait 40 ans que je suis dans le domaine de la cuisine. Je lui ai dit que je pouvais quitter le restaurant si elle voulait, mais que je ne changerais rien», a-t-il ajouté.

Alors qu'il comptait découvrir Montréal et continuer à profiter de Montréal en lumière jusqu'à mercredi prochain, il a plutôt décidé de quitter «[dimanche] matin très tôt» tout de suite après avoir servi son second souper, a expliqué Francis Mallmann. Une version contredite par Montréal en lumière

Malentendu?

Rejoint au téléphone, le porte-parole du festival croit que la réaction du chef Mallmann se fonde sur une mauvaise compréhension de la situation.

«Tout ce que nous lui avons expliqué, c'est que le repas du président d'honneur c'est un repas qui est très important pour le festival , a fait valoir Greg Kitzler. On souhaitait bien l'appuyer pour faire de cette soirée une soirée mémorable. On ne voulait pas l'insulter, mais simplement mettre davantage en valeur ses plats.»

Le porte-parole parle de la prise de bec comme d'un «malheureux malentendu». «On est un peu attristés par l'insatisfaction générale de M. Mallmann», a-t-il ajouté, pointant du doigt, «peut-être aussi des mentalités qui sont différentes».

Présent dans la cuisine lors de la prise de bec, le chef franco-québécois Jérôme Ferrer estime lui aussi que «ce scénario complètement fou» part d'un malentendu.

«Il y a eu un dérapage. Ce dérapage à quoi il est dû? Je l'ignore», a-t-il affirmé, ajoutant que le chef argentin pleurait dans la cuisine après son échange avec Germaine Salois.

Concernant le départ du chef cuisinier, M. Kitzler a avancé qu'«il avait une session photo à New York [dimanche]» et que son départ était donc déjà prévu. Cette version contredit celle du chef argentin.

M. Kitzler affirme que c'est la première fois en 14 ans qu'une telle situation se produit et que les autres chefs invités sont tous très satisfaits de leur expérience.

«Des gens très mal élevés»

Francis Mallmann ne croit pas à la thèse du malentendu. Dans une longue suite de message en espagnol, en français et en anglais sur Twitter, il s'en est pris à Montréal en lumière.

Les organisateurs sont «des gens très mal élevés qui ne respectent pas les cultures du monde», a-t-il écrit.

«Il faut prévenir les chefs du monde qu'ici il faut cuisiner et présenter selon leur goût. Un goût un peu militaire», a-t-il ajouté, précisant en entrevue téléphonique qu'il en voulait seulement au festival et pas à la ville en entier.

Le chef n'a d'ailleurs que de bons mots pour les gens de l'Europea, le restaurant où étaient servis ses deux repas.

«Le restaurant a été très gentil, très bon et très professionnel», a-t-il tenu à souligner.