Les flâneurs étaient présents en grand nombre au Vieux-Port samedi dernier. À l'invitation du festival Montréal en lumière, un programme de guimauves sur braseros, de flânerie sur les quais et de «déambulatoire» au rythme de la musique de Misstress Barbara y était organisé. La DJ a profité de cet Événement Lumières, créé l'an dernier au moment du 10e anniversaire du festival, pour souligner ses 15 ans de carrière.

Mais d'abord, qu'est-ce donc qu'un déambulatoire? Selon Le Petit Robert, le mot, employé comme adjectif, est «relatif à la promenade». Comme nom commun, le dictionnaire l'associe à l'architecture en le définissant comme «une galerie qui tourne autour du choeur d'une église». Pour les organisateurs du festival, ça pourrait plutôt être un défilé qui n'en est pas vraiment un.

Ainsi, sous un beau clair de lune à 21 h tapantes, le départ de la marche a été donné devant le Centre des sciences. Misstress Barbara, coiffée d'une belle tuque à pompon, jonglait avec les rythmes techno devant quelques centaines de curieux, tous âges confondus. Le temps était sec et très froid; nous avions besoin de beaucoup de beat pour rester vivants.

Puis ça s'est mis à bouger. Quoi ça? Ça, ce truc servant de podium à la DJ de renommée mondiale. La DJMobile. Décevante engeance, au premier coup d'oeil. Imaginez une souffleuse à laquelle on aurait accroché un stroboscope. Bonhomme Carnaval n'a rien à craindre de cette concurrence. C'est donc ça qu'on devait suivre?

Le déambulatoire a mis une trentaine de minutes à déambuler du Centre des sciences jusqu'au Café des Éclusiers, plus à l'ouest. J'ai suivi la foule un moment, avant de me lasser. On vous retrouvera plus tard; d'ici là, allons chercher un peu d'action près du quai Jacques-Cartier réaménagé par le festival.

Il y avait là une foule qui semblait aussi chercher quelque chose à faire. Le concert de Manu Militari, sur la scène principale à 20 h, était déjà terminé; les braseros étaient bondés, mais les familles s'en allaient peu à peu. La grande sphère servant de boîte de nuit n'avait pas encore son habituelle file d'attente; c'était notre chance de la voir de l'intérieur.

L'endroit était déjà assez plein: 200 danseurs environ. L'ambiance laissait à désirer, par contre. Il faut dire que la soirée commençait et que le DJ Vincent Lemieux ne faisait que briser la glace. À notre sortie, une file d'attente s'était formée; s'il vous prend l'envie d'y aller, arrivez tôt ou habillez-vous chaudement.

Cap sur le Café des Éclusiers, d'où émanait un véritable vacarme. La techno de Barbara se heurtait au mur de l'immeuble d'appartements plus au nord; pour bien profiter du son, il fallait être près des haut-parleurs.

En chemin, le long des quais, des cracheurs et jongleurs de feu (ceux-là même qui occupent l'intersection des rues Sainte-Catherine et Saint-Urbain pendant le Festival de jazz?) nous ont divertis avec éclat.

Le Silo no 5 mis en valeur

Arrivé à destination, on a enfin senti un peu d'effort déployé. D'abord, les lieux étaient accueillants. Le décor était splendide, comme le savent ceux qui le fréquentent l'été. En faire une terre d'accueil hivernale est prometteur.

On s'était donné le mal d'organiser un joli spectacle pyrotechnique au pied du Silo no 5, sur les parois duquel on avait projeté des images en mouvement, version à petite échelle du Moulin à images de Robert Lepage. Quelques centaines de personnes étaient présentes, mais la fête aurait pu attirer plus de festivaliers. Le son était très bon, Misstress Barbara a tiré le meilleur des conditions climatiques arides. On a cherché le bar; il n'y en avait qu'un, au café lui-même, qui tenait aussi lieu de zone VIP.

Jusqu'à 23 h, les pétards ont pété, les projections ont coloré les murs de béton et Misstress a canardé derrière la foule au regard fixé sur le silo. Pas vilaine, la soirée, mais un peu mince côté concept. Comme si toutes ces idées, bonnes sur papier, ne donnaient pas de résultat marquant, ne parvenaient pas à créer une vraie ambiance festive, un sentiment d'authentique «événement» qui ajoute à l'expérience hivernale montréalaise. À peaufiner, quoi.