Jeudi soir à la 5e salle de la Place des Arts officiait Misia, co-présidente d'honneur de la 11e édition du Festival Montréal en lumière, à qui on a aussi confié le concert d'ouverture de l'événement. Un événement d'ouverture somme toute assez modeste: la 5e salle est de petite taille, et l'endroit n'était rempli qu'aux trois quarts, à peine, pour entendre l'interprète du fado.

Contrastes, donc. La chanteuse Misia passerait comme une véritable explosion de joie de vivre, dans un genre qui n'en expire pas tellement, c'est le cas de le dire. Ce chant typique du Portugal n'est certainement pas une invitation à la fête: solennel, grave et lyrique, le fado s'écoute de façon religieuse, un peu plus et on devrait s'agenouiller dès les premières notes de la voix mat, mais combien chaleureuse, de Misia.

Pourtant, l'artiste elle-même est dotée d'une attachante et exubérante personnalité. Le fado qu'elle défend, les textes des poètes qu'elle chante, sortent souvent des thèmes propres au genre (l'amour, la nostalgie), et c'est ainsi qu'elle nous a convié à «un voyage onirique dans les rues de Lisbonne» durant la première partie de ce concert. En second lieu, après l'entracte (et après avoir prévenu les mélomanes d'origine lusophone dans la salle), le répertoire serait consacré à d'autres styles musicaux, d'autres compositeurs, qui ont aussi façonné sa démarche.

Droite devant son micro, la tête légèrement penchée à l'arrière comme si elle chantait pour les cieux, Misia a bellement chanté. Entre les titres (ceux de son plus récent disque double, Ruas, concept repris sur scène), de captivantes mises en situation. On passe une jolie soirée avec cette dame, qui ne renouvelle pas le genre mais lui rend hommage en y apportant beaucoup de sa personnalité.