Une petite neige folle tombait sur la ville jeudi soir pour nous rappeler que, non, le printemps n'est pas encore à notre porte. Le Festival Montréal en lumière a débuté avec calme jeudi soir, alors que les chansons posées d'Andrea Lindsay et celles, toutes aussi mélancoliques, de la Portugaise Misia berçaient les mélomanes.

L'Astral était confortablement bondée jeudi soir lors du premier des deux concerts (vendredi soir encore, 19h pile) d'Andrea Lindsay qui tenait lieu de rentrée montréalaise pour son spectacle Les Sentinelles dorment.

En entrevue, à propos de l'accueil de son plus récent album, Andrea percevait la différence de réactions en comparaison à La Belle Étoile, son premier. Les chansons touchent autrement, à cause de la mélancolie et de la tristesse qui traverse l'esprit de ce deuxième disque. Sur scène, ces qualités sont devenues encore plus évidentes alors que même les chansons du pétillant premier disque prenaient les couleurs plus nuancées du second.

Tranquillement, Andrea et son orchestre ont dressé la table, d'abord avec la Lettre à un chien, langoureuse ballade toute en demi-tons, puis La Belle Étoile, à peine moins contemplative. Droite au centre de la scène dans sa jolie robe violacée, la musicienne chantait avec cette retenue et cette délicatesse qui font sa marque. La soirée prend son envol, on la suit sans résister.

À ses côtés, pianiste, batteur, contrebassiste, violoncelliste et trompettiste-vibraphoniste. Les arrangements sont généralement assez juste, idem pour l'interprétation, qui, à certaines occasions, subissent quelques accrochages sur le tempo. Coquilles de soirs de premières qui ne gâchent rien à notre plaisir.

Mélancolique jusque au bout des doigts, Andrea nous parle de ses souvenirs de jeunesse (qu'elle n'a toutefois pas encore vraiment quitté), des inspirations de ses compositions. On passe de la grave Lune de papier à Les Pieds devant et Nature morte, belles nouvelles de Les Sentinelles dorment.

On sourit à ses anecdotes qui introduisent Gin Bombay ou Le Charleston, l'un des rares moments d'énergie de cette performance qui n'en demandait pas davantage. Étonnement, aussi de reconnaître la justesse de l'émotion, dans les originales comme dans ces quelques reprises, dont celle de l'obscure Lonely Boy - pas celle de Paul Anka, mais celle de Nirvana, le Nirvana pop-psychédélique anglais des années '60!

Elle a beaucoup de goût, Andrea. Et des fans faisant preuve d'une admirable qualité d'écoute.