Victor Cathala et Kati Pikkarainen entrent dans leur minuscule chapiteau à bord d'une vieille Simca 1000 rouge vif. Dès le premier numéro - qui consiste à trouver une fréquence radio - la tension s'installe entre ce colosse de Toulouse à la tignasse abondante et sa microvoltigeuse d'origine finlandaise.

Pendant un peu plus d'une heure, ils multiplient les jeux de main à main et d'équilibre en traduisant les hauts et les bas de la vie à deux. Deux acrobates en tournée qui forment une paire depuis plus de 15 ans, mais aussi deux amoureux dans la vie. Avec un chien (présent !) et maintenant un enfant.

Ici, les dialogues seraient superflus. La communication passe par des figures acrobatiques à travers lesquelles le couple se livre à nous avec franchise et humour. Sans pudeur. Dans un chapiteau intime propice aux confidences. Car les gestes ne trompent pas : on se fâche, on se boude, on se taquine, on s'aime, on s'embrasse, on se fait confiance.

Oui, la confiance est au coeur de cette relation où la prise de risques est quotidienne. Comment pourrait-il en être autrement lorsque votre vie dépend entièrement de celui qui doit vous rattraper ou vous porter ?

Il faut bien le dire : ils ont beau avoir la trentaine (non, ce n'est pas très jeune en années de cirque), ils sont encore agiles.

En entrevue la semaine dernière, Victor disait trouver ça beau, « un vieux forgeron », en disant admirer « la qualité, la finesse et la justesse » du geste. Voilà qui résume bien la performance de ce « vieux » couple en pleine maîtrise de ses moyens - qui est aussi capable d'exprimer toute la tendresse qu'il a l'un pour l'autre.

INGÉNIEUX DISPOSITIF

La voiture toute déglinguée, qui symbolise ses multiples déplacements, est une véritable trouvaille scénique puisqu'elle sert à la fois de coulisses (notamment quand les acrobates se changent, mais aussi pour entreposer les accessoires du spectacle) et d'espace de jeu (à l'intérieur, comme à l'extérieur de la voiture).

Ici, le siège avant se transforme en chaise longue ; là, il permet d'installer un filet de badminton (une scène hilarante de machisme). Ou encore le tuyau d'échappement devient une perche qui donne lieu à quelques acrobaties aériennes. Voilà un dispositif scénique simple mais original et étonnant, qui sert parfaitement le récit de ces artistes passionnés.

La scène finale est poignante. Les deux artistes éclairés par les phares de leur voiture y vont d'un ballet acrobatique à la fois tendre et violent sur la pièce Le vent l'emportera de Noir Désir, interprétée par Sophie Hunger (judicieux choix). Une belle découverte et une belle rencontre qu'on vous recommande chaudement.

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Sous chapiteau à la TOHU jusqu'au 16 juillet