Découverts à Montréal il y a trois ans, les six membres du collectif Flip Fabrique se sont fait remarquer pour leurs prouesses acrobatiques, leur énergie bouillonnante et leur humour juvénile. Du cirque bon enfant, sans prétention. Un vent de fraîcheur, disions-nous à propos de leur premier spectacle, présenté depuis en Europe et aux États-Unis.

Alors, qu'en est-il de ce deuxième spectacle de tournée qui a ouvert le festival Montréal complètement cirque jeudi soir ?

Eh bien, disons que c'est un peu du pareil au même. Tout ce qu'on a dit sur eux à la création d'Attrape-moi est encore valable. Il faut dire que du point de vue acrobatique, ces six bêtes de cirque de Québec sont remarquables. Et le plaisir que ces acrobates ont sur scène est palpable, contagieux, réjouissant.

Seulement voilà : avec tout ce qu'on voit aujourd'hui en cirque contemporain, on ne peut pas dire qu'ils réinventent la roue avec Transit.

D'abord, ce spectacle ressemble beaucoup au premier, dans le fond comme dans la forme. Bruno Gagnon et sa bande ont pris peu de risques à cet égard. Diabolo, sangles aériennes, hula-hoop, jonglerie, trampomur : même s'il y a des éléments nouveaux, on a un peu l'impression de revoir le même spectacle.

Nous sommes aussi face à du cirque de performance, comme Éloize l'a fait jadis avec son spectacle iD. Du cirque qui ne manque de piquant, qui est même par moments épatant, mais qu'on a beaucoup vu et qui transmet peu d'émotions. Que voulez-vous, lorsqu'on a déjà pleuré en voyant un numéro de planche coréenne, nos attentes sont élevées...

FANTASMES D'ARTISTES

Il reste que le thème du « dernier spectacle » est porteur. Nos six amis réalisent un à un leur fantasme d'artiste de cirque avant de « tirer leur révérence » : manipuler des diabolos géants, chorégraphier une danse à six, faire un numéro de sangles « dans un costume de gros » et même recevoir du public féminin une pluie de sous-vêtements à la fin de la performance !

Un humour un peu enfantin, vous en conviendrez, mais qui colle bien à ces grands enfants qui refusent de grandir.

Le metteur en scène de Québec Alexandre Fecteau (The No Show) se sert de ce fil narratif pour relier entre eux les différents tableaux. Les dialogues ne sont pas toujours heureux (ni nécessaires), mais, encore une fois, ce qu'on retient, c'est le plaisir immense que ressentent ces artistes de cirque lorsqu'ils foulent la scène. Un plaisir qu'ils partagent avec générosité.

Transit, qui fait allusion à la vie de nomade des artistes de cirque, mais aussi à la fugacité des carrières d'acrobates, avait pourtant le potentiel de nous emmener beaucoup plus loin du point de vue dramatique. Et de toucher des cordes sensibles.

Cela dit, le spectacle, qui a déjà été amélioré/bonifié/resserré depuis qu'il a été présenté à Vaudreuil-Dorion il y a deux semaines (ce n'était pas une première mondiale jeudi), a ravi le public de la TOHU et on le comprend. C'est du cirque plein d'entrain, qui peut encore « en jeter » et qu'il faut voir avec un coeur d'enfant. Que celui qui s'oppose aux coeurs d'enfants jette la pierre !

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À la TOHU jusqu'au 17 juillet

PHOTO VIVIEN GAUMAND, FOURNIE PAR MONTRÉAL COMPLÈTEMENT CIRQUE

PHOTO VIVIEN GAUMAND, FOURNIE PAR MONTRÉAL COMPLÈTEMENT CIRQUE