Le Cirque Alfonse s'est fait remarquer cette semaine avec son cabaret Barbu: foire électro-trad. Le spectacle mis en scène par Alain Francoeur sera vraisemblablement présenté en 2015 à Paris pendant un mois, nous a confié Vincent Messager, qui représente la compagnie de Saint-Alphonse-Rodriguez.

La Presse a rencontré hier quelques-uns des 91 diffuseurs américains et européens présents à Montréal complètement cirque. Tous avaient de bons mots pour ce cabaret à la fois acrobatique et musical. «Les gens ont adoré Barbu», nous dit Vincent Messager.

Cathy Edwards, qui dirige le festival Arts and Ideas à New Haven (au Connecticut), ne cache d'ailleurs pas son goût pour le cirque québécois.

«Nous voulons bâtir une relation à long terme avec les compagnies de cirque québécoises. Vous êtes proches de nous géographiquement, et puis nous aimons l'exubérance et la fougue de vos compagnies. Que ce soit Alfonse ou Les 7 doigts de la main, par exemple, qui sont des habitués de New Haven.»

Ironiquement, le Cirque Alfonse ne pourra pas s'engager à jouer Barbu très souvent cette année, puisque la compagnie a déjà «une centaine de dates» au calendrier pour son spectacle précédent, Timber, créé à Complètement cirque en 2011. Barbu pourrait tout de même être représenté ici au cours de la prochaine année.

«Nous jouerons dans les Maritimes, aux États-Unis et en Europe, dit Vincent Messager. Au mois de décembre, on retourne au Southbank Centre de Londres. On va faire le show du temps des Fêtes.» L'an dernier, Timber avait reçu un accueil triomphal dans la capitale britannique. Un succès qui a ouvert à la compagnie des portes ailleurs en Europe.

Et des hommes et des femmes

Et des hommes et des femmes, une autre compagnie de cirque montréalaise formée de cinq finissants de l'École nationale de cirque de 2013 - dont le jongleur Jimmy Gonzalez -, a attiré l'attention des diffuseurs, qui ont pu voir un extrait de son spectacle Croisé (qui n'était pas au programme officiel du festival).

La pièce sera notamment programmée l'an prochain au festival Pisteurs d'étoiles à Obernai, en France, au mois de mai.

«C'est un spectacle bien écrit, bien pensé et cohérent, comme on les aime en Europe, nous a confié le directeur du festival Adan Sandoval. Je me suis tout de suite engagé à les programmer. Il y a une qualité esthétique dans cette pièce qui est formidable. C'est aussi une façon d'encourager ces jeunes artistes dans les circuits européens.»

Adan Sandoval, qui a accueilli cette année la danseuse et contorsionniste Andréanne Leclerc, a lui aussi eu un faible pour Alfonse.

«J'ai beaucoup apprécié leur cabaret. C'est une proposition très grand public, très festive, pleine d'invention et de testostérone. Peut-être pas dans mon festival, qui soutient les projets méritants mais qui n'ont pas nécessairement un potentiel commercial, ce qui n'est pas leur cas.»

«La présentation de Croisé à la Grainerie de Toulouse, le mois dernier, a eu un impact positif pour la compagnie, nous dit Vincent Messager, qui travaille aussi avec Et des hommes et des femmes. Le spectacle pourrait être présenté à Avignon l'été prochain. C'est un spectacle qui a aussi intéressé le réseau de diffuseurs Autopiste.»

Autopiste est un regroupement de diffuseurs européens et nord-américains mis sur pied cette année par la TOHU et le Centre culturel Subtopia en Suède, entre autres. Il a pour mission de créer des «tournées intelligentes» pour les compagnies de cirque. Le projet coordonné par le Français Yohann Floch est financé par la Commission européenne.

Les coups de coeur des diffuseurs jusqu'à présent sont très variables, a indiqué Yohann Floch. Les Américains ont eu un coup de coeur pour Midnight Circus, un cirque de Chicago qu'ils ne connaissaient pas. Le spectacle Île O de la compagnie française Barolosolo a aussi beaucoup plus aux Américains, selon M. Floch.

En revanche, les Européens ont adoré le spectacle A Simple Space, de la compagnie australienne Gravity & Other Myths, poursuit Yohann Floch. «Bien entendu, ils connaissent bien Les 7 doigts de la main, qui tournent beaucoup en Europe. Mais ils cherchent les jeunes compagnies qui poussent, comme Alfonse, qui est de plus en plus présent en Europe.»

Impossible de passer sous silence la pièce Acrobates, de la compagnie française Le Monfort, qui rend hommage à l'artiste de cirque Fabrice Champion, mort il y a trois ans lors d'un voyage chamanique au Pérou. Une des pièces les plus «puissantes» de cette programmation, selon les diffuseurs rencontrés à la TOHU.

Le festival se poursuit jusqu'à dimanche.