L'homme est venu à Montréal l'an dernier juste après le festival Just for Laughs. Comme ça en passant: deux spectacles à guichets fermés. Il revient ce soir, à l'affiche du festival, le temps de deux autres représentations pour lesquelles la salle débordera encore de fans.

Louis C.K. est l'humoriste de l'heure aux États-Unis... donc sur la planète! Et c'est le Britannique de l'heure, Ricky Gervais, qui le dit. L'équipe de Just for Laughs est bien d'accord puisqu'elle lui décerne cette année le prix de l'humoriste de l'année.

Pourtant, il n'a l'air de rien, Louis C.K. Au choix: mécanicien, comptable, barman. Dans ses numéros, ce rouquin au sourire désarmant livre un humour très cru, mais rarement vulgaire.

Contrairement à plusieurs de ses compatriotes, qui donnent l'impression de parler de leur propre vie, Louis C.K. ne raconte pas de vraies histoires, mais des histoires qui peuvent parfois avoir l'air vraies. Nuance. Jusqu'au moment où elles prennent un virage absurde ou surréaliste. C'est un conteur bien plus qu'un livreur de blagues.

Absurde et réalisme

Humoriste depuis 20 ans, Louis Szekely (de son vrai nom) est né en 1967 d'une mère ingénieure et d'un père économiste. Son nom de famille est hongrois, mais ses racines multiples - irlandaises, mexicaines, juives et hongroises - font de lui un véritable melting-pot ambulant. Il a l'air de tout, finalement, mais surprend toujours, qu'il parle de sexualité, de relations hommes-femmes ou de vie familiale.

Exemple: l'un de ses personnages de sitcom imagine ce qu'est la vie fabuleuse d'un garçon de table travaillant dans un bar miteux: «Peut-être, le soir, crée-t-il des cirques et conçoit-il des chaussures pour les morts. Il revient chez lui le soir, se met du rouge à lèvres et réapprend à pleurer. Je suis un homme, un vrai, dit-il, mais je réapprends à pleurer devant mon miroir, mon miroir qui est mon seul ami.»

Cet habile mélange d'absurde et de réalité cruelle a toujours fait sa marque de commerce. Après quelques tentatives en spectacle, comme Woody Allen notamment, l'une de ses idoles, Louis C.K. a commencé sa carrière en écrivant des blagues pour les autres, à la télévision, dans les années 90.

En 2001, il a écrit et réalisé le long métrage Pootie Tang, avec Chris Rock, un échec monumental qui a tout de même atteint le statut de film culte aux yeux de certains. En 2006, HBO a diffusé pendant un an Lucky Louie, une sitcom signée Louis C.K.

Mais c'est en 2010 que sa carrière télévisuelle a enfin explosé avec Louie, présenté par la chaîne spécialisée FX. Louis C.K. a remporté un prix Emmy en plus de recevoir six nominations pour cette série.