Après Un long poème qui pue des pieds en 2010, Terroriste blanc d'Amérique en 2013 et enfin L'ignorance fait plus de victimes que le cancer l'an dernier, l'humoriste Fred Dubé présente son quatrième show de 60 minutes dans le cadre de Zoofest, Radical Pouding, au Monument-National. Un quatrième opus moins radical qu'enflammé!

Fred Dubé a «la chienne» avec tout ce qui se passe dans le monde. Devons-nous être étonnés? Pas vraiment quand on connaît le bonhomme qui rêve, à juste titre, d'un monde meilleur. Alors, pour cuisiner ce Radical Pouding, il a fait appel à bien des ingrédients de l'actualité. Le terrorisme, l'austérité, les radios-poubelles, les médias de masse atteints de bien des maux, la violence policière, etc.

La recette est complexe, mais il n'a peur de rien. Et certainement pas de faire du name-dropping. Bien du monde se fait enfariner dans ce show...

Il plante la journaliste Sophie Durocher et son «journalisme d'enquête d'opinion». Les animateurs Richard Martineau et Éric Duhaime, «un dream team» qu'il qualifie de «concentré de siècle des lumières quand il y a une panne», prennent aussi leur volée de bois vert. Plus tard, il affirme que l'importance mondiale du groupe terroriste État islamique «est exagérée... comme celle de la carrière de Sugar Sammy!»

Après s'être moqué du «contenu» des spectacles de l'humoriste Peter McLeod, il ne se gêne pas pour se payer la tête du boss de Juste pour rire. «[Gilbert] Rozon avait loué 400 personnes sourdes et muettes pour venir le voir [mercredi] soir!»

Se gaussant plusieurs fois de Stephen Harper, il n'oublie pas d'écorcher le chef du Parti libéral du Canada. «Il ne faut surtout pas réfléchir. Regardez Justin Trudeau: pourquoi parler quand on peut faire un solo de guitare?»

«On ne vit pas en démocratie, mais en monarchie constitutionnelle, dit-il. On s'est débarrassés de la peste, mais pas de la reine. Elle est plus coriace!»

À un moment donné, il lance: «Ceux qui n'ont pas encore ri, vous allez trouver la soirée longue en tab...!»

Juste après, c'est le premier ministre du Québec qui goûte longtemps à sa «médecine» avec une blague très, très salée autour de... l'anus de Philippe Couillard. Un segment vulgaire dont il se tire en disant: «Je n'ai pas écrit cette blague, je l'ai volée à Clémence DesRochers. Ne tirez pas sur le messager!»

Puis, il vilipende la violence policière. «Et après, on se demande pourquoi tant de jeunes se radicalisent... parce que le seul projet qu'on nous propose, c'est de l'austérité, euh pardon, de la rigueur budgétaire. Je ne bats pas ma femme, je la corrige!»

Mais les gauchistes ne sont pas épargnés par ses plaisanteries. «Nous, les vrais gauchistes, dit-il, on se fait des réunions, mais quand on est plus de 10, on annule. C'est rendu trop commercial!» Il avoue par la suite: «L'humour engagé, on trouve ça admirable, mais crisse que c'est plate!»

Son débit est toujours aussi intense. Son texte, joué littéralement sur scène, avec ses bruits de bouche et ses ti-galop-ti-galop à califourchon sur son pied de micro, part dans tous les sens et demeure toujours une critique avec un fond de lucidité.

Fred Dubé est devenu une conscience humoristique, une sorte de bouffon public numéro un, un bouffon non attitré, bien sûr, qui tape sur tout ce qui ne fonctionne pas dans la société, un humaniste qui utilise l'humour pour autopsier l'humain du XXIe siècle. Avec clairvoyance, une analyse bien sûr orientée et beaucoup d'emphase. Sans contredit, il est un des rares jeunes humoristes québécois à être à la fois brillants, rafraîchissants et en feu!

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Au Monument-National jusqu'au 25 juillet.