Un spectacle sur le bonheur, sur ce qui rend heureux. C'est ce que proposent Katherine Levac et David Beaucage avec Un beau programme. Mais jamais bonheur n'aura été aussi absurde qu'avec ces deux-là.

Adieu candeur, adieu naïveté. Le bonheur dont il est question dans ce Beau programme de Katherine Levac et David Beaucage est absurde, risible, ridicule. Avec ces deux complices, on rit du bonheur facile, du bonheur des petits et des gros bourgeois, des banlieusards, des douchebags et des barbies qui les admirent. En sketchs, chansons et stand-up.

C'est cinglant, corrosif, parfois même «malaisant». Ça fait rire absurde, jaune et noir. Quand Katherine Levac va jusqu'au bout du baby shower de Jess que Sabrina a tout organisé afin d'être choisie marraine du bébé, on se dit: «Ouf!, ça fait mal», parce qu'on en connaît des comme ça.

Entre l'absurde et le douteux

Plus léger, mais une véritable révélation quant à nous, David Beaucage sait jouer, chanter et livrer du stand-up malgré une apparente nervosité. Son numéro de grand-mère morte est hilarant, même s'il frôle parfois le mauvais goût.

C'est là où les deux amis excellent. En déambulant sur la mince ligne entre l'absurde et le goût douteux. Un humour néo-absurde audacieux et sans compromis.

Ils partagent un humour intelligent aussi, très second degré. Pas besoin de gros mots ou de vulgarités, ou si peu.

Levac et Beaucage puisent leur originalité dans une façon d'observer les travers des gens de leur génération aux prises avec des enfants ou des parents qu'ils n'arrivent pas à comprendre.

Comme ce sketch de David Beaucage qui parle avec «l'amie» de sa mère au téléphone. Elle lui fait un appel naviguant entre érotique et horrifique. Ou encore ce numéro sur les femmes de 64 ans que ridiculise Katherine Levac. On rit ferme, mais avec un petit malaise tout de même.

«C'est juste dommage de ne pas avoir connu France Castel quand elle faisait de la coke», conclut l'humoriste franco-ontarienne que rien ne fait reculer. Et c'est tant mieux.

Katherine Levac vise bien et rate rarement la cible. Elle s'attaque aux niais autant qu'aux bourgeois, elle qui ne connaissait pas les collèges québécois.

«C'est cool Jean-de-Brébeuf. Ça coûte juste 40 000 piastres pis t'as une attitude de marde pour le reste de ta vie.»

Les deux entonnent une chanson finale qui parle des gens «weird» dans les partys. On les reconnaît aisément tous les deux. Oui, ils ont un humour particulier, mais faire la fête sans eux, ce ne serait pas aussi drôle.

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Un beau programme est présenté ce soir ainsi que les 18 et 19 juillet au studio Hydro-Québec du Monument-National.