Rachid Badouri l'a annoncé clairement. The Ethnic Show, présenté au festival Just for Laughs jusqu'au 19 juillet, peut lui servir de tremplin pour une carrière internationale en anglais. A-t-il gagné son pari? La Presse l'a trouvé en tout cas plutôt convaincant dans ce Club Soda où il s'est nettement démarqué.

Il était très attendu, et Rachid Badouri était au rendez-vous. Nullement impressionné par l'enjeu et la présence probable de chercheurs de talents dans la salle. Il faut dire que l'humoriste au crâne luisant est parfaitement bilingue. C'est donc très à l'aise qu'il a présenté son numéro d'une dizaine de minutes, pour lequel il avait puisé dans ses spectacles donnés en français.

Il a commencé par plaisanter sur les différentes prononciations de son prénom en anglais qu'il a entendues au cours des derniers mois - du style Radsheet, Rashish, etc. «Je suis originaire du Maroc. Ça fait de moi un Arabe. N'applaudissez pas! Je ne transporte pas de bombe sur moi... mais j'en ai mis sous les tables!», a-t-il lancé.

Il a ensuite évoqué son enfance, notamment ses amitiés avec d'autres jeunes Québécois d'origine étrangère qui, comme lui, ont dû se faire une place en croyant en eux. Comme toujours, avec une dérision cachant un grand respect, il a parlé de son père et de ses présumées difficultés en anglais - il a commandé une «cesarian salad» au restaurant et dit à la blonde de son fils que celui-ci a beaucoup d'«infection» pour elle!

Il a souligné ensuite l'éducation stricte qu'il a reçue de ses parents, insinuant toutefois qu'elle lui a inculqué le sens des valeurs et de la droiture. Mais les mots sont les mots, et quand le père a dit à la professeure de Rachid qu'il «tuerait» son fils s'il se comportait mal, la professeure en question, ne saisissant pas le second degré, a rétorqué: «We don't kill kids in Quebec!» Rachid Badouri a imité l'enseignante avec moult déformations du visage et contorsions du corps. Du grand Badouri.

L'humoriste québécois a ensuite quitté la scène sous les hourras de la foule. Reprenant le micro, l'animateur de la soirée, l'acteur et scénariste américain Alonzo Bodden, a alors lâché un «just hilarious!» bien senti.

De bons moments

Ce spectacle «ethnique» fournit d'autres bons moments d'humour, avec un mélange de trivialités et d'évocations de l'actualité. Alonzo Bodden décline quelques belles lignes, notamment sur le racisme, en se moquant de cette Américaine blanche qui s'est fait passer pour noire pendant des années. Et en soulignant, avec finesse, que la Cour suprême des États-Unis a récemment établi que les homosexuels devaient avoir des droits... «comme les humains»!

Alonzo Bodden a bien fait rire l'assistance en critiquant l'Obama Care, l'assurance maladie instituée à l'initiative du président américain. «Mon médecin m'a dit que quand je suis malade, c'est mieux que j'aille dans ma voiture. J'y serai mieux assuré!»

Le New-Yorkais Dan Naturman, «the Jewish part of the show», a-t-il dit, a lui aussi abordé le mariage gai en disant que la prochaine étape, dans notre monde qui bouge, ce sera les mariages arrangés de gais dans certains pays plus conservateurs! Il est aussi très drôle quand il aligne quelques erreurs que font les francophones quand ils parlent anglais.

À l'entracte, le public a eu droit aux échanges savoureux des deux amis juifs montréalais de la série Yidlife Crisis. Puis l'Américaine d'origine nigériane Gina Yashere, ouvertement lesbienne, a présenté du bon matériel. «Quand j'ai voulu dire à ma mère que j'étais lesbienne, je lui ai d'abord dit quelque chose de pire, soit que j'étais végétarienne!» Elle a ensuite fait une allusion coquine en disant qu'effectivement, elle ne mange pas de viande! «Je ne respecte pas les pénis!», a-t-elle lancé.

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The Ethnic Show au Club Soda jusqu'au 19 juillet.