Il arrive après la présentation du monde tel que créé par Dieu, dans une orgie de lumières et de cotillons. Son premier mot: «humilité». Franck Dubosc, le «Julio Iglesias de l'humour», comme il se décrit, allait enfin nous expliquer pourquoi il est devenu, en quelque sorte, un «dieu vivant», alors qu'il était à l'origine comme nous, gens ordinaires...

Pour deux soirs seulement, et pour clôturer le festival, Dubosc présentait son dernier one-man-show à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, lui qui a commencé modestement à Juste pour rire, à Montréal, en 1999, lieu de son premier succès. Mais une vie précède la gloire, veut-il nous rappeler, et il la raconte depuis sa naissance, dans ce style volontairement larmoyant, ampoulé et mélodramatique qui fait sa marque. Il voulait être acteur, après tout...

Celui qui a commencé sa vie avec cette impression de n'avoir que des «W» dans une partie de Scrabbles est né moche, avait la tête pleine de rêves malgré les limites de son petit univers, mais «l'asticot est devenu Anaconda». Il a connu les affres de l'adolescence (en particulier les comédons), a vécu sa première relation sexuelle comme un soldat du Vietnam, s'est retrouvé dans un club gai lors de son premier voyage payé de sa poche, a vécu les années 80 à fond, et le disco encore plus. À ce sujet, une assez longue portion du spectacle consistait à montrer à des spectateurs comment devenir des as du «dancefloor». C'était en partie arrangé avec le gars des vues.

Il a par la suite bourlingué à Paris, vivant dans une chambre minuscule, faisant la rencontre d'une bourgeoise qui lui a permis de baiser dans «les cases bleues du Monopoly», a tout fait pour suivre sa voie d'artiste plutôt que de décrocher un emploi sérieux à la demande de Véronique (son ex dans son précédent spectacle, Romantique), avant de devenir ce «frimeur, mythomane, ringard, tocard, etc.», bref, une vraie vedette digne de Paris Match. Mais du début à la fin, il aura entretenu une relation toute particulière avec «Jean-Claude», son membre viril, qui va bientôt entrer au Musée Grevin (en attendant le stock de cire pour l'immortaliser).

Franck Dubosc est un incroyable baratineur, un cabotin inépuisable, c'est ce qui fait son charme. Il transforme les moindres détails de sa vie en aventure épique, fait de ses culs-de-sac des moments mémorables, et de ses défauts, des qualités, bien sûr. Il était une fois... Franck Dubosc se veut un chapitre supplémentaire dans l'autobiographie sur scène de l'humoriste, qui a fait de la nostalgie son matériau de prédilection. Il est surtout un performeur, qui ne prend aucune pause pendant plus de deux heures de spectacle, et fait manger le public dans sa main avec ses improvisations et ses réparties. Ce spectacle, au bout du compte, était aussi une carte de remerciement, un hommage à ce public qui a créé... un monstre, finalement!