C'est sous le signe du changement et du renouveau que se dérouleront les galas Juste pour rire cet été, avec la formule «Carte blanche» à des artistes et à leurs invités. La Presse a assisté aux répétitions d'un numéro central du gala qui sera animé par Pier-Luc Funk, vendredi prochain à la Place des Arts. Un hommage au cinéma muet.

Lundi après-midi au studio Bizz, avenue du Mont-Royal Est, un beau capharnaüm règne dans la salle de répétitions. Une douzaine d'artistes et de concepteurs sont réunis pour peaufiner un numéro muet qui rend hommage au western à la Sergio Leone.

En guise de saloon, on déroule une banderole comme toile de fond du décor. Un bruiteur fait les bruits d'un lasso, d'un pistolet, d'une locomotive à vapeur, d'un cou qui craque, etc. Un caméraman filme les interprètes en gros plans, car des images seront projetées sur scène pendant que Pier-Luc Funk et ses complices exécuteront le numéro. Pour l'instant, tout ça ressemble à un gros casse-tête dont on aurait égaré quelques pièces.

«On va répéter, répéter et répéter à nouveau, et à un moment donné, ça va devenir fluide», lance l'humoriste Daniel Grenier, qui supervise le numéro sous le regard attentif du metteur en scène Jean-Philippe Baril Guérard.

«On veut créer l'atmosphère d'un plateau de tournage sur scène, avec des projections de films en noir et blanc», explique Baril Guérard. Ce dernier met aussi en scène le gala des Denis Drolet, ainsi que celui de Laurent Paquin. «Tous les animateurs présenteront des galas à leur image, poursuit-il. Mon travail consiste à être au service de l'animateur, afin de mettre ses idées dans un univers esthétique.»

Cinéma muet

Pour sa carte blanche, le comédien Pier-Luc Funk a eu l'idée de rendre hommage au cinéma muet. Le numéro qu'il répète s'inscrira au milieu de son gala, pour lequel il est allé chercher la collaboration de Grenier, ex-membre du trio Les Chick'n Swell au début des années 2000. 

Daniel Grenier a l'habitude des sketchs sans dialogues; et il a eu l'idée d'un scénario inspiré d'un canevas d'un western classique, dans lequel un bon cowboy va sauver une belle jeune femme des bandits. Ça ressemble à un ballet humoristique dans lequel Funk joue le premier rôle. Avec son corps souple et élancé, il fait penser à un homme élastique. Il est ici entouré d'amis et complices, avec qui il semble retomber en enfance, à l'époque où l'on joue aux cowboys et aux Indiens.

«Pour mon gala, j'ai voulu m'entourer de monde que j'aime. Des amis qui ont la même énergie que moi et qui me ressemblent vraiment.»

Pier-Luc Funk dit avoir hésité avant d'accepter l'invitation de Juste pour rire. Il avoue être «un peu stressé» par l'aventure. «Je ne suis pas dans ma zone de confort, admet-il. Or, s'il y a une chose que je prône dans la vie, c'est de prendre des risques. Et de ne pas rester dans ses pantoufles.»

Premier gala

Depuis l'affaire Gilbert Rozon et la vente du Groupe Juste pour rire, le festival affirme que cette édition est celle du «renouveau et de la modernité». D'où l'idée des Cartes blanches, cet été, et de confier l'animation d'un gala à un jeune acteur-vedette qui ne vient pas du milieu de l'humour. Pier-Luc Funk a invité entre autres Maripier Morin, Rosalie Vaillancourt, Yannick De Martino, Pierre-Yves Roy-Desmarais et Sèxe Illégal... Dans le numéro d'ouverture, l'acteur mettra l'accent sur son amour du cinéma.

L'auteur et interprète Jean-Philippe Baril Guérard est aussi un néophyte dans le monde de l'humour. Et il savoure la grande liberté artistique que lui donne le festival. «Si j'ai une idée, je peux facilement la réaliser. Tout est possible. Je travaille avec une douzaine de concepteurs, des auteurs. Si je veux quelque chose, je n'ai qu'à la demander... jusqu'à ce qu'on me dise qu'il n'y a plus d'argent. Ça fait changement du théâtre en marge.»

À la fin de la répétition, après avoir fait et refait le numéro dans lequel Funk doit libérer la jeune femme ligotée sur les rails du chemin de fer d'un Far West imaginaire, Daniel Grenier lance enfin: «Je suis content ! Je commence à voir le résultat final.»

Celui qu'on pourra voir le 20 juillet sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier.