Gad Elmaleh a la bougeotte. Parti du Maroc pour venir au Québec, il a quitté la Belle Province pour conquérir la France. Mais il y a près d'un an, c'est sur les États-Unis que l'humoriste a jeté son dévolu. Entrevue avec l'artiste un brin mégalo qui célébrera, mercred soir, en anglais, aux côtés de Jerry Seinfeld, les 35 ans du festival Just For Laughs.

Gad Elmaleh l'avoue bien volontiers: il a parfois la folie des grandeurs quand il s'agit de sa carrière. «Mon but, ce n'est pas de vivre le rêve américain. C'est de faire voyager mon histoire à travers le monde. Je vais jouer en Australie en septembre, pas parce que j'en avais toujours rêvé, mais parce que je suis mégalomane! Je veux que le monde entier voie mon stand-up», lance l'humoriste dont le spectacle anglophone se retrouvera sur Netflix au début de 2018. «Netflix, c'est 190 pays en un clic. Quand je les ai rencontrés, ils m'ont dit qu'après un spécial en anglais, je pourrais même remplir une salle en Inde!», ajoute-t-il emballé.

Mais Gad Elmaleh met un point d'honneur à ne jamais oublier d'où il vient. En mai dernier, alors qu'il venait tout juste de recevoir l'Ordre national du Québec des mains de Philippe Couillard, l'humoriste a choisi de s'adresser aux jeunes Marocains: «Je suis né au Maroc, ma famille n'était pas riche et n'avait aucune connexion. Ça peut paraître un peu cheesy, mais j'y crois profondément: tout est possible.»

Le rêve américain

Gad Elmaleh a-t-il toujours voulu réaliser «le rêve américain»? «Non! J'y ai cru il y a 20 ans, mais je l'ai laissé de côté pour partir en France. Des fois, je me dis que c'est tard, j'ai 46 ans. Puis, je pense que si je n'avais pas fait tout ce que j'ai accompli avant, je n'aurais peut-être pas réussi à pénétrer ce marché-là. C'est fou comme défi ! Je commence à être invité dans les talk-shows. Mais j'ai très envie de faire Ellen DeGeneres et Jimmy Fallon.» Est-ce que le téléphone a sonné? «Oui, mais ils n'ont pas décroché!», lâche-t-il à la blague.

Installé à New York à temps plein depuis près d'un an, Gad Elmaleh fait la tournée des comedy clubs américains pour tenter de se tailler une place parmi les grands noms de l'humour. Et il ne prend pas ce défi à la légère. «Je veux tout faire pour être bon sur scène en anglais et devenir un humoriste international au même rang que mes collègues aux États-Unis. Pour cela, il faut travailler très fort», dit-il.

«Je suis des cours d'anglais tous les jours! Je pensais que je n'aurais qu'à traduire mes blagues en anglais. Mais pas du tout. Je me suis complètement planté.» 

«J'ai aussi voulu travailler avec des auteurs fournisseurs de jokes, mais ça ne fonctionnait pas non plus. Les Américains aiment entendre ma perspective de Franco-Marocain sur eux», ajoute celui que les Américains ont baptisé le «Jerry Seinfeld de l'humour français».

«Mon prochain projet est d'avoir ma propre série sur Netflix, à la manière de Louis C.K., qui raconterait mon arrivée aux États-Unis, l'intégration, etc. Les fondations sont déjà debout alors ça ne devrait pas tarder», confie-t-il.

Une belle amitié

Gad Elmaleh et Jerry Seinfeld sont amis depuis une douzaine d'années. Mais leur première collaboration remonte à la participation de Gad à la websérie de son complice dans Comedians in Cars Getting Coffee. «J'ai aussi fait sa première partie pas mal de fois en tournée. Un jour, on a joué ensemble à Montréal et on s'est dit que c'était l'endroit idéal pour rejoindre nos deux publics dans la même salle. À Paris, les gens seraient venus pour moi, à New York pour lui. Mais à Montréal, on va réunir tout le monde!», explique Gad Elmaleh.

Les deux humoristes présenteront ainsi en anglais le meilleur de leurs numéros de stand-up respectifs sur la scène du Centre Bell. «On aura bien sûr des numéros communs. On partage le même amour pour l'humour d'observation, la même obsession des petits détails qui deviennent de grandes problématiques», conclut Gad Elmaleh.

____________________________________________________________________

Au Centre Bell, ce soir, à 20 h.

Photo Jacques Boissinot, Archives La Presse Canadienne

Gad Elmaleh (à droite) a reçu l'Ordre national du Québec des mains du premier ministre Philippe Couillard, le 16 mai.