Depuis deux ans en France, Noémie Caillault raconte avec humour son combat contre le cancer du sein dans le spectacle Maligne. Les critiques ont louangé la comédienne, qui a d'ailleurs été sélectionnée à la prestigieuse cérémonie des Molières dans la catégorie Seul(e) en scène. Pour la première fois, elle offre ce spectacle au public québécois, dans le cadre du festival Zoofest. La Française, conjointe de Gilbert Rozon, reviendra également à l'automne pour entamer une tournée au Québec.

«Ma tante a eu la même chose que toi. Ah bon, et elle va bien? Ben non, elle est morte», lance notamment Noémie Caillault dans son spectacle solo Maligne.

À l'âge de 27 ans, la comédienne et réceptionniste au Théâtre de la Pépinière apprend qu'elle a une tumeur au sein gauche. En l'écoutant raconter ses multiples anecdotes sur sa maladie et les traitements qu'elle reçoit, les producteurs du théâtre lui suggèrent de raconter son histoire sur scène. Avec les auteurs Morgan Perez, Gabor Rassov et Caroline Verdu, elle écrit ainsi son premier spectacle, dont le texte a été publié par les éditions Payot.

«Les gens vendent le spectacle en disant que c'est un truc sur le cancer, mais je vois plutôt ça comme un hymne à la vie.»

Au printemps 2015, entre deux traitements de chimiothérapie, elle présente ainsi pour la première fois ce spectacle qui parle de féminité, de relations familiales, d'amour, de sexualité et d'hôpitaux. Contre toute attente, le public reçoit avec enthousiasme sa proposition théâtrale. «La première fut un des plus beaux jours de ma vie», se remémore-t-elle.

Le public rit souvent dans ce monologue que la Française présente tout le mois de juillet au Zoofest: «Au début, quand j'entendais le public rigoler, je ne comprenais pas. Parce qu'en répétition, mon metteur en scène riait parfois, mais quand même peu. Mais là, en spectacle, c'était la poilade! Dans ma tête, je me demandais vraiment pourquoi ils rigolaient comme ça», dit la trentenaire.

À ce propos, elle ajoute: «Je crois que ça fait du bien à des gens, ils me disent que je dédramatise la situation. Mais je le dis, ce n'est pas une blague, le cancer. C'est-à-dire que ça ne me fait pas du tout rire. Ça me fait peur, en fait. J'ai peur de mourir. Surtout quand tu vois des gens autour de toi qui en meurent... Moi, j'ai des copines qui sont parties», confie Noémie Caillault, qui a fait quatre ans de chimiothérapie et devrait être complètement guérie en novembre prochain.

Le succès

Elle reconnaît sa chance d'avoir réussi à tourner ce spectacle depuis maintenant deux ans: «Un rêve pour une première expérience.» Elle poursuit d'ailleurs sa tournée en France à l'automne et en entamera également une au Québec. Les dates devraient être annoncées au cours des prochaines semaines. 

La comédienne écrit également une deuxième création qui devrait être présentée en janvier 2019. Est-ce qu'elle parlera du même sujet? «Ah, mais non, pas du tout! Ce n'est pas Noémie la cancéreuse, quand même! Je vais essayer de changer», dit-elle en rigolant.

Elle rêve également de décrocher un rôle au petit ou grand écran: «Personne n'a eu de cancer dans ma famille. Mais lorsque je regarde en arrière, je me dis que je ne sais pas ce que j'aurais fait si je n'avais pas eu le cancer. La vie, elle est faite comme ça.»

«Si ça se trouve, il fallait ça pour que je travaille dans ce métier. On ne sait pas, c'est peut-être le destin.»

Dans Maligne, la conjointe de Gilbert Rozon confie qu'avec son cancer, elle a peur de ne plus jamais connaître l'amour et de ne pas percer dans le milieu des arts. Des propos qui se sont finalement révélés faux: «Chaque jour, je remercie le bon Dieu et je me dis que la vie est bien faite. Malgré mon malheur, je ne peux pas être plus heureuse que maintenant. J'ai tout ce que je désirais», conclut l'actrice et auteure. 

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Maligne est présenté au Zoofest jusqu'au 29 juillet.