Même si Gilbert Rozon avait dit, à la blague dans la vidéo d'introduction: «On sait pas si ça va être drôle, mais on s'en fout, c'est complet!», il fallait être gonflé pour oser un tel pari. Engager le populaire animateur télé Charles Lafortune pour prendre en main le gala sur les rapports qu'entretiennent les Québécois avec leurs vedettes était logique. C'est le monde qu'il côtoie. Mais ce n'était pas un gage de succès. Or, ma foi, le grand brun au sourire aussi blanc qu'un cierge de Pâques s'en est bien sorti samedi soir. On ne l'imagine pas pour autant suivre les traces d'un Emmanuel Bilodeau en humour, mais il pourrait assurément officier à l'autel d'une autre messe de Juste pour rire.

Il était logique que le gala débute par un clin d'oeil à l'émission qu'il anime depuis deux saisons. Aussi, Éloïse Boutin-Masse, Véronique Gilbert, Valérie Daure et Marie-Ève Fournier, quatre chanteuses de La voix, ont présenté un court pot-pourri, notamment avec Charles Lafortune. Sympathique entrée en matière, mais l'animateur (qui aura 45 ans vendredi) ne doublera ni Ed Sheeran ni Josh Groban.

Il a ensuite raconté comment il est devenu une vedette quasi contre son gré. «Je suis un bibelot qui a réussi, a-t-il dit, tout est possible.» Même de croiser un gars qui lui avoue tout de go qu'il ne l'aimait pas «au début», mais que son opinion a changé depuis qu'il sait qu'il a un enfant autiste...

Le gala a ensuite pris un bol d'énergie avec Philippe Laprise et son hilarante histoire d'envie de pisser, dans ce style expressif si comique qui le caractérise. Phil Roy est ensuite venu avec sa guitare pour un numéro chanté. Pas son meilleur.

Réal Béland ose

Beaucoup plus hot, Réal Béland, alias You-don't-have-to-be-beautiful-to-turn-me-on, avec perruque et bottes rouges, a fait son émission Le sexe est dans l'enveloppe, évoquant les pseudo-problèmes sexuels de Jean-Luc Mongrain, Réjean Tremblay, Anne-Marie Losique, Chantal Lacroix et soeur Angèle! Osé, drôle et hystérique!

L'humoriste belge Nawell Madani a ensuite parlé de son amour pour le style des artistes américaines. Correct, sans plus. Martin Vachon a fait état des hauts et des bas de ses tournages, notamment une scène de lit avec Lucie Laurier qui a provoqué chez lui un affreux embarras. Un numéro bien accueilli.

Après quoi, les Denis Drolet se sont rendu hommage(!), décrivant Charles Lafortune comme le «nouveau Réal Giguère» avant de tuer un faux clown Slava sur scène... Du délire, comme d'habitude.

Fidèle à son style cinglant, Guillaume Wagner a jeté un froid dans l'assemblée! Critiquant les gens qui aiment les vedettes (et il n'en manquait pas dans la salle), il a tenté d'expliquer par exemple que le mathématicien Stephen Hawking a plus de mérite que Patrick Huard, avant de descendre en règle les téléréalités comme Star Academy. «Oh, y a un p'tit frette, a-t-il dit. Fuck, j'aurai pas mon standing. Mangez d'la marde!» Effectivement, personne ne s'est levé de son siège quand il a quitté la salle...

Charles Lafortune s'est ensuite associé à l'animateur Stephane Bellavance pour lire (sur des papiers qu'ils tenaient à la main) un numéro plutôt heavy écrit par Mike Ward et Jean-François Mercier. Le meilleur moment du spectacle. Un très bon texte sur l'insignifiance du vedettariat, les «produits dérivés» de certaines vedettes, les histoires qu'elles «vendent au 7 jours», etc. Même le maire Denis Coderre est passé au bat. «Denis, si tu veux sauver les BIXI, arrête de t'asseoir dessus!» Un numéro qui leur a valu une franche ovation et qui finissait bien un spectacle plutôt bien conçu (Dominic Sillon avait bossé sur les textes) et agréable comme un show de variétés.