L'annonce, cette semaine, de rabais de 50 % à 67 % sur le prix de certains billets pour les grands spectacles de Juste pour rire (JPR) a pu faire croire que le grand festival éprouvait des problèmes au guichet.

Il n'en est rien, selon le président fondateur de l'événement. «Au contraire, nous dira Gilbert Rozon, nous faisons nos meilleurs chiffres depuis 2008 et tout indique que nous allons atteindre un record avec plus de 200 000 billets vendus.»

Le gros de l'inventaire tient bien sûr dans les grands événements: les 19 représentations des galas à la salle Wilfrid-Pelletier (3000 sièges) pour lesquels JPR avait 57 000 billets à vendre; les 25 représentations du musical Sister Act au Théâtre Saint-Denis, une salle de 2200 places où, selon un porte-parole de Juste pour rire, plus de 40 000 billets ont déjà été vendus. Pour un taux d'occupation (en date de mercredi) de 78 %, c'est une surprenante performance au su des critiques plutôt tièdes qu'a récoltées la pièce mise en scène par Denise Filiatrault.

Depuis mardi, et jusqu'à la dernière représentation de Sister Act le 2 août, le site d'achats groupés Tuango offre des places au balcon à 40 $ (taxes et services inclus), places qui coûteraient jusqu'à 123 $ au prix courant. Sur le même site, les billets des galas - Les Vedettes, avec Charles Lafortune, deux représentations samedi soir et dimanche, et le gala-hommage à Gilles Latulipe lundi - étaient soldés à 50 % (40 $ pour une place au balcon de W.-P.).

«Les dernières rangées du balcon sont toujours les places les plus difficiles à vendre, explique Gilbert Rozon. Même pour un spectacle à succès... Quand il reste 200-300 sièges à vendre dans le pit, dans un théâtre de 2200 places comme le St-Denis, on prend souvent la décision de les solder. Sur Tuango ou ailleurs.»

À Juste pour rire, ces décisions sont prises au jour le jour et chaque spectacle représente un cas particulier: «Cent shows, cent stratégies. On appelle cette approche la billetterie dynamique.» Le premier spectacle d'un jeune artiste, dira Rozon, est une chose: certains ont payé seulement 5 $ pour voir la Suissesse Brigitte «péter les plombs» au Studio-théâtre Claude-Léveillée. L'avant-première d'un artiste connu pour laquelle la critique n'est pas encore sortie en est une autre. Un show «à la fin de sa run» commande aussi une approche différente.

Une stratégie aussi pour chaque groupe de clients: «On va annoncer cinq supplémentaires pour Cyrano au TNM (qui a commencé mercredi). Les détenteurs de passeports (99 $) auront la priorité pendant 48 heures.»

Cas spécial: celui des galas, événements uniques à l'époque qui peuvent être présentés aujourd'hui jusqu'à quatre fois (Les Épais avec Laurent Paquin, Les Anglais avec Mike Ward, Les Vedettes avec Charles Lafortune). Gilbert Rozon est plus qu'heureux d'évoquer son cheminement personnel... «Avec les galas, le grand défi a toujours été de les raccourcir. Dans le temps, ils devaient durer deux heures dix plus entracte, mais des artistes nerveux, ou très en forme, faisaient quinze minutes au lieu de sept. Le gala dépassait les trois heures et moi, j'étais au bout de mes nerfs...

«Avec deux représentations par soir, une à 18 h 30 et l'autre à 21 h 30, on n'a plus le choix: il faut respecter les minutages. Tout est plus léger...» La présence de la télé constitue une «garantie» supplémentaire: les galas Juste pour rire sont offerts sur Illico au prix de 22 $.

L'offre, immense, de Juste pour rire comprend aussi les séries présentées sur le site sous chapiteau, celles de Just for Laughs au Club Soda et au Métropolis, et la multitude de spectacles du ZooFest, la portion éclatée de JPR qui occupe 14 lieux du Quartier des spectacles et de ses environs immédiats, du Théâtre Sainte-Catherine au Monument-National, du Mainline Theater à l'Agora Hydro-Québec de l'UQAM.

Gilbert Rozon ne veut pas «parler trop vite», mais il souligne avec satisfaction que «le ZooFest aussi se dirige vers les meilleures ventes de son histoire. La nouvelle génération va dans les salles: il faut s'en réjouir».

Une année record, donc, pour Juste pour rire, comme pour le Festival de jazz au début du mois.

«Je suis d'autant plus heureux de ces résultats que je n'en suis aucunement responsable», nous dira en terminant un Gilbert Rozon à l'humilité nouvelle, et qui n'assiste plus aux réunions matinales où on discute quotidiennement du «dynamisme» de la billetterie. «Les élèves ont dépassé le maître...», conclut-il.