Après avoir fait ses premiers pas à Montréal avec Mime de rien en 2010, le mime-bruiteur français Patrik Cottet-Moine est de retour au Zoofest à partir de ce soir au théâtre La Chapelle pour présenter Chez lui, un spectacle d'humour visuel pensé aux côtés de son mentor, Michel Courtemanche.

Patrik Cottet-Moine incarnera tour à tour un Indien façon cartoon, un cuistot un peu facétieux ou encore un papa «mère poule» un peu dépassé, dans une mise en scène assurée par Marc Andreini, expert en gags physiques de précision. À 50 ans, l'humoriste au physique atypique partira très bientôt pour le Japon afin d'y faire découvrir son art. Michel Courtemanche et Patrik Cottet-Moine ont répondu au questionnaire croisé de La Presse.

Comment vous êtes-vous rencontrés?

Patrik Cottet-Moine: [Michel] mettait en scène un spectacle au Grand Rire et il a vu ce que je faisais. Je suis un de ses grands fans et on a tout de suite accroché. En 2010, j'ai pris contact avec lui pour qu'il vienne voir mon spectacle complet au Zoofest. Ça lui a plu et il a accepté de travailler avec moi.

Michel Courtemanche: Je faisais la mise en scène d'un gala animé par Dieudonné et Dominic Paquet à Québec. Est apparu Patrik avec son numéro de planche à repasser. Je suis allé le voir pour lui donner quelques conseils après sa performance. Ç'a été instantané entre nous. Il m'a joint un an et demi plus tard pour me proposer de travailler sur son nouveau spectacle. Il est venu à Montréal, il est reparti avec tout ce qu'on avait écrit et il a finalisé son show que vous allez voir au Zoofest.

À quoi doit-on s'attendre dans ce spectacle?

Patrik Cottet-Moine: On y suit un homme qui est chez lui et qui va délirer avec le moindre petit truc qui dépasse dans son environnement. Il est très «vieille France». Il fait beaucoup de choses avec pas grand-chose, en ne partant de rien et en plongeant dans son imaginaire pendant 1h15 à travers une douzaine de sketchs.

Michel Courtemanche: Il est intelligent. Moi, je faisais 2h30 [sur scène]! Physiquement, c'est insupportable. C'est une des principales raisons pour lesquelles j'ai arrêté, sur les conseils d'un médecin. Ses thèmes me déstabilisaient au début. J'utilisais des choses très internationales comme du golf, du japonais, etc.; lui, c'est plus le genre à faire un gars qui veut un café. Il ne voulait pas que je déteigne sur lui. Il a son style, plus poétique, et il a bien raison d'y tenir!

Qu'est-ce que Michel Courtemanche a apporté au spectacle?

Patrik Cottet-Moine: Travailler avec une star comme lui est incroyable. Il m'a amené une expérience que je n'avais pas. On a travaillé sur les sketchs et le spectacle, mais aussi sur les à-côtés, comme les voyages, la façon de se comporter, le rayonnement, etc. On a passé des après-midi entiers à discuter et à regarder ses sketchs. Il y a toujours une sorte de passation entre humoristes visuels; ç'a été le cas entre Charlie Chaplin, Buster Keaton, Jacques Tati puis Farid Chopel et Michel Courtemanche. Il y a toute une histoire qu'on s'est racontée entre nous, comme deux vieux clowns!

Michel Courtemanche: Je lui ai apporté un recul sur ce qu'il fait. J'ai été l'oeil du public et j'ai essayé d'ajouter des jokes et des punchs à son spectacle. Je m'assurais qu'on comprenne son histoire, puis on ajoutait. J'ai voulu aller chercher un plus grand public, tout en faisant en sorte que cela reste intime. Quand on fait des salles de 1000 places et plus, on dilue beaucoup ce qu'on fait. Quand on joue et qu'on a plus ou moins de fun, ce n'est plus intéressant. À la fin, je faisais des shows devant 3000 personnes. Ça donnait quoi, à part en mettre plein les poches des producteurs? Je n'aimais plus ça.

Qu'avez-vous pensé quand vous l'avez vu pour la première fois?

Patrik Cottet-Moine: J'admirais beaucoup Farid Chopel à l'époque et Michel jouait lui aussi à Paris. Je suis parti pour la capitale pour faire ce métier de mime-bruiteur et, quand je l'ai vu à la télé, je suis resté bouche bée. C'est un des plus grands dans le domaine. C'est magique!

Michel Courtemanche: J'ai vu quelque chose de très différent de ce que je faisais à l'époque. J'ai surtout aimé le côté réservé et plus poétique de ses affaires, qui se rapproche un peu du cirque. À l'époque, je me comparais beaucoup aux clowns: on fait tous de l'humour visuel, sauf que moi, je faisais plus du stand-up. Patrik est entre les deux. J'aime son humilité. Il a un physique particulier qui lui donne beaucoup de charme. Il arrive candidement, très humble, puis il explose.

Le meilleur conseil de Michel?

Patrik Cottet-Moine: Attention à tes points fixes. C'est un truc de mime!

Michel Courtemanche: Économiser son corps, s'échauffer, s'étirer, s'entraîner. Tout ce que je n'ai pas fait!

Le numéro que vous préférez de l'autre?

Patrik Cottet-Moine: Pratiquement tout ce que j'ai vu à la télé, car je n'ai jamais eu la chance de le voir sur scène. Mais mon préféré est le vidéomathon: ça m'a vraiment inspiré, car il fait tout avec pas grand-chose. Il a ces expressions vives et très justes.

Michel Courtemanche: Le chef pâtissier-guerrier qui fait un gâteau. Je lui ai aussi donné un numéro qui s'appelle Toupidou en amour. C'est un vieux sketch que j'ai fait une seule fois et il l'a repris en changeant la fin.

Ce que vous lui enviez le plus?

Patrik Cottet-Moine: Sa créativité et ce côté improvisation dans lequel il est très fort.

Michel Courtemanche: Je lui envie beaucoup sa capacité à faire des sons. Ça m'énerve! Il est aussi très bon dans le mime.

Qui de vous deux est le plus expressif?

Patrik Cottet-Moine: Michel! Il n'y a pas photo.

Michel Courtemanche: Moi. Quand je réalisais Caméra Café, j'allais voir les comédiens et je faisais à chacun la face et l'intention qui venait avec. C'en était ridicule et je ne m'en apercevais pas, jusqu'à ce que quelqu'un me filme!

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Chez lui de Patrik Cottet-Moine, au théâtre La Chapelle presque tous les soirs jusqu'au 2 août. Info: zoofest.com.