Porte-parole du projet d'école de l'humour en Haïti, Dany Laferrière présente dimanche soir HAHAHAITI.COM sur la scène du Théâtre Maisonneuve.

Animée par Rachid Badouri, cette soirée-bénéfice accueillera non seulement des humoristes d'ici comme Adib Alkhalidey, Dorothy Rhau, Gabriel D'Almeida Freitas, Eddy King et Mike Ward, mais aussi cinq artistes sélectionnés lors d'auditions qui se sont tenues en juin dernier en Haïti.

Le public montréalais pourra ainsi faire connaissance avec Jorj, Jean Samuel André, Christina Guérin, Daniel Marcelin et Cynthia Jean-Louis. Les profits générés par le spectacle permettront de financer une première formation pour des humoristes haïtiens à Port-au-Prince l'automne prochain.

Alors que Justin Viard (consul général d'Haïti à Montréal), Louise Richer (directrice de l'ENH) et André Picard (vice-président de JPR) s'interrogeaient sur la manière d'éviter de faire un faux pas en mettant sur pied une école de l'humour dans un pays dévasté par un terrible séisme, ils ont naturellement fait appel à Dany Laferrière pour avancer dans leur réflexion.

«J'ai spontanément dit que les gens adoraient pouvoir rire un peu! Il y a d'ailleurs une émission quotidienne de radio en Haïti qui s'appelle Rigolo thérapie: tous les jours pendant deux heures, l'humour est ce qui garde en vie les gens. Mais ils n'en font malheureusement pas encore un métier. J'aurais bien aimé que ce soit le cas, pour qu'ils puissent voyager et structurer leur sens de l'humour», explique Dany Laferrière.

L'écrivain et porte-parole du projet s'est ainsi rendu en Haïti à deux reprises au cours des derniers mois pour rencontrer les institutions partenaires et faire connaître le projet. Une cinquantaine d'artistes ont auditionné; seuls cinq se retrouveront demain dans le spectacle.

«J'ai connu Daniel Marcelin quand on avait 14 ans. C'est un humoriste qui dirige le petit conservatoire de l'humour en Haïti. Il a une tête de Fernandel haïtien! Je pense qu'on lui interdit d'aller aux funérailles, car les gens rient trop en le voyant! C'est un très bon narrateur», précise Dany Laferrière, également porte-parole de l'ouverture de la Bibliothèque du Boisé de l'arrondissement de Saint-Laurent.

«J'aime que cette bibliothèque soit entourée d'arbres, car ils peuvent vérifier si on les utilise bien pour faire des livres!», conclut-il à la blague.

Q/R

Avec qui échangeriez-vous de carrière?

Je n'ai pas de carrière moi-même, je ne vois pas pourquoi j'échangerais ce que je n'ai pas. Alors je passe. Ce n'est pas que je me pense extraordinaire!

Qu'est-ce qui vous a donné le goût de faire ce métier?

Peut-être l'idée de raconter la vie de ma grand-mère. Je pensais qu'elle méritait d'être dans un livre.

Un livre que vous auriez aimé écrire?

Le neveu de Rameau, de Diderot. Je donnerais beaucoup pour avoir écrit les premières pages. Sinon, tout Borges, même les mauvais!

Avec qui rêvez-vous de collaborer?

J'aime lire les autres, mais écrire avec quelqu'un d'autre, non! Je ne voudrais pas imposer ma médiocrité à d'autres!

Le film qui vous a le plus marqué?

Mon film préféré est Annie Hall, de Woody Allen. Je trouve que c'est pétillant! C'est un film que j'aurais aimé faire; un portrait de femme magnifique, avec Diane Keaton. Sinon, le film qui m'a le plus frappé, c'est Voyage au bout de l'enfer, de Michael Cimino, pour sa construction dramatique et pour le jeu de De Niro. Je ne savais pas que le cinéma pouvait aller aussi loin.

À quel moment vous arrive-t-il de mentir?

Je mens gratuitement. C'est ce qu'on appelle de l'imagination. Les enfants font ça tout le temps et, par bonheur, les écrivains aussi!

Un talent que vous auriez aimé avoir?

Être invisible pour les autres, mais continuer à observer. La première chose que je ferais, c'est de me mettre nu!

Vous souvenez-vous de votre premier slow?

C'était sur Only You des Platters. Comme je ne sais pas danser, les filles venaient me chercher dans mon coin. C'est resté un moment magique de ma vie.

Quel serait le titre de votre biographie?

Ne raconte pas ta vie, naturellement, en huit tomes!