Un an et demi après la fin de la tournée de son premier spectacle, l'humoriste André Sauvé revient sur scène avec une nouvelle mouture plus philosophique! Le plus mystique et le plus solitaire des humoristes québécois présentera Être dans le cadre de Juste pour rire, du 12 au 20 juillet au Théâtre Maisonneuve.

Il ne boit plus une goutte d'alcool. Il a changé de nourriture. Il dort davantage. André Sauvé suit une vraie cure de jouvence depuis un an. Il faut dire qu'il était épuisé après la tournée de son premier spectacle, présenté 341 fois devant 240 000 spectateurs, de 2008 à 2011.

«J'ai nettoyé un paquet d'affaires dans ma vie, dit-il à La Presse, en buvant son thé, attablé dans un restaurant du Plateau. Je ne bois que de la bière sans alcool et plus de vin en mangeant. Ce n'est même pas une vertu. Si je bois un verre de vin, j'ai envie d'aller me coucher sur un divan. C'est pas cool!»

Plus serein, moins angoissé, il affirme avoir «même» pris du plaisir à créer son deuxième solo, sans la pression médiatique qui avait marqué la préparation du premier, alors que le public était tombé en pâmoison pour cette bibitte frisée qui roule autant ses r que ses yeux.

«Le premier spectacle, j'étais juste angoissé et stressé, dit-il. Du jour au lendemain, j'étais entraîné dans un train qui roulait vite. Là, je me connais plus et je prends plaisir à monter ce spectacle.»

C'est en janvier 2012, lors d'un voyage de trois semaines au Mexique, que la fontaine de l'inspiration a recommencé à couler. «J'ai écrit tous les matins et l'après-midi j'allais me baigner, dit-il. Ça m'avait fait un grand bien de me retirer des «spot lights». J'étais comme dans la petite grotte avec l'ordi et une théière. Ça a été prolifique pour jeter les grandes lignes. Étonnamment, j'ai d'abord écrit la fin du spectacle, et ensuite, j'ai remonté jusqu'au début.»

André Sauvé dit ne pas choisir ses sujets. Ils sortent de son cerveau sans être influencés par quoi que ce soit sauf la solitude, le silence et l'immobilité. «Pour entendre ce chaos-là, on ne peut pas être dans le monde, dit-il. C'est un robinet: quand tu parles, tu fermes l'introspection.»

Quête de sens

Être est une quête de sens du début à la fin du spectacle. «Être, ça se fait petit à petit dans la vie, donc le show est à cette image», dit-il. Est-ce de l'humour philosophique? «J'ai de la misère à définir ce que je fais, mais ça se rapproche de ça, sans la prétention de vouloir être philosophique. Je suis comme ça dans la vie. Je questionne. C'est un humour existentiel.»

Le spectacle est donc plus profond, plus intérieur que le précédent. «Le côté humain m'intéresse, dit-il. Dans ce show, je vais plus loin dans certaines réflexions. En 2013, le sexe n'est pas le principal tabou, car on en parle partout. Mais les questionnements, ce petit ruminement qu'on n'ose pas exprimer, il n'est pas «in». Bien des gens après le spectacle me disent que ça les a bousculés. Ça a l'air de répondre à un besoin même si je ne le fais pas pour ça, car je réfléchis de toute façon pour moi-même.»

André Sauvé dit qu'on rit beaucoup dans son show car ses questionnements peuvent être «très drôles». Mis en scène par Josée Fortier, le spectacle est appuyé par des projections. «Claude Cournoyer est aux éclairages et Turbine est à la conception vidéo», dit-il.

Et après?

Après ce spectacle, veut-il continuer dans l'humour existentiel? «Avec Être, j'ai soulevé un millième de la couverture de ce thème, dit-il. Je n'ai pas la prétention d'en faire le tour, mais on peut toujours trouver quelque chose à dire car on est avec soi, nos souvenirs et ce qu'on pense. Mon inspiration vient de là, de cette introspection.»

Lui qui s'était lancé en humour sur le conseil d'un ami (il était alors peintre en bâtiment) se rappelle avec émotion que c'est en remportant le concours de la relève en humour à Dégelis, en 2004, qu'Yvon Deschamps et Judi Richards l'ont mis sur la voie du show-business. Une voie sur laquelle il déambule plus tranquillement aujourd'hui, avec presque une certitude que c'est le métier dans lequel il s'épanouit le mieux. Presque, car le philosophe qu'il est embrasse le doute avant tout.

«Au début, je n'aimais pas la scène. Je ne faisais que «rusher». Judi Richards m'avait dit que ce serait progressif, le plaisir d'être sur scène. Elle avait raison. Maintenant, j'aime quasiment ça durant tout le show! J'ai apprivoisé cette bête sauvage d'être tout seul devant le monde. Je découvre que c'est le fun d'avoir du fun!»

Ses dates importantes

SA NAISSANCE : «C'est une date importante même si je ne m'en souviens pas!»

LA FIN DU SECONDAIRE : «Une délivrance car je suis parti en Europe et en Afrique pour aller voir la vie.»

SA VICTOIRE À DÉGELIS : «J'avais fait ça pour niaiser, comme une gageure, et ma carrière a débuté avec ça.»

SA PERFORMANCE AU GALA DE LOUIS-JOSÉ HOUDE : «On me voyait pour la première fois sur scène à Montréal.»

SON INTERPRÉTATION DU NUMÉRO LE BONHEUR AU GALA HOMMAGE À YVON DESCHAMPS : «C'était rendre à Yvon et à Judi ce qu'ils ont fait pour moi. Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie. Un moment très émouvant.»

LE FÉLIX DU SPECTACLE D'HUMOUR DE L'ANNÉE : «C'est toujours une belle consécration que d'être reconnu pour ce que tu as écrit... alors que je ne savais pas comment l'écrire!»

Sauvé en vrac

Son mentor : L'écrivain et moraliste français Christian Bobin

La philosophie qui le nourrit : Le bouddhisme

L'oxygène de sa vie : La méditation

Participera à l'émission : Les pêcheurs l'automne prochain à Radio-Canada

Travaille toujours sur un projet de film : avec Claude Lalonde

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Être d'André Sauvé Du 12 au 20 juillet, au Théâtre Maisonneuve