Le spectacle que présente Adib Alkhalidey dans le cadre du Zoofest remporte un bon succès populaire. Aimé des jeunes, Adib a un talent indéniable et fait rire autant qu'il conscientise, mais sa présentation n'est pas encore parfaite.

Le récent vainqueur du 1er Festival d'humour franco-québécois de Lourdes (il recevra son prix vendredi soir des mains des organisateurs français) commence son spectacle en se présentant. Né à Montréal de parents d'origine marocaine et irakienne, il évoque d'abord les stéréotypes courants quand l'identité est perçue comme exotique.

«Appeler ton fils Ahmed en 2012, c'est comme l'avoir appelé Adolf en 1945: il va avoir du mal à trouver une équipe de ballon-chasseur!» Le spectacle est bien parti.

Il parle ensuite de sa cicatrice sur la joue droite, souvenir d'une violente rencontre avec un cheval quand il avait 12 ans, et de sa coupe afro qui provoque bien des réactions.

Il part ensuite dans un long monologue sur son expérience de laveur de toilettes chez Tim Hortons, en expliquant que ses impressions de jeunesse sur la qualité de la nourriture ont par la suite perdu de leur magie. «Quelle désillusion quand j'ai vu que c'était un Pakistanais qui bourrait le beigne de crème avec ses doigts!»

Après avoir dit que les serveuses «sont habitées par rien» (ouaip!), et présenté une gestuelle très (trop) exagérée sur la façon dont elles servent les clients, il recrée le numéro de Roland Magdane sur les organes digestifs qui se révoltent de devoir digérer, dans ce cas, un Timbit indigeste.

Il enchaîne avec la peur des autres, puis raconte s'être fâché contre une fille qui vantait Lady Gaga comme étant un modèle d'émancipation féminine, avant d'expliquer comment la télé peut engendrer de mauvais réflexes chez les jeunes et les personnes influençables.

Quand il explique pourquoi il donne de l'argent aux sans-abri et pourquoi il n'aime pas qu'un employé de Bell Canada vienne sonner à sa porte à 9h, on comprend où il veut en venir. La liberté de penser et d'agir, le refus de la médiocrité et du mensonge. Son numéro sur «les connards» qui se battent dans les bars est dans le même registre.

«Ils ont un quotient intellectuel de chèvre. Je n'ai rien contre les chèvres, mais quand elle est relax dans son enclos. Sors-la de son enclos et c'est désorganisé comme le samedi soir à Montréal, des chèvres tapant sur d'autres chèvres. Le seul endroit où ils sont calmes, c'est dans la file d'attente, car on leur a mis une clôture!»

Il explique ensuite combien il trouve stupide l'insulte de tapette, lui qui croise les jambes «comme une femme de 50 ans qui boit un rosé» ! Et il termine par quelques mots de politique... en évoquant la «sodomie par coutellerie». Un passage décevant, la blague dérivant dans l'absurde et l'outrance. Dommage.

Adib a de bonnes intentions et de bonnes idées, ce qui forme un tout intellectuellement intéressant. Mais est-ce suffisant pour en faire un spectacle parfaitement réussi? Non. La matière est là, noble, mais il manque encore un peu de savoir-faire.

60 minutes avec... Adib Alkhalidey Studio Hydro-Québec du Monument-National, les 26 et 27 juillet, à 20h30.