Travaillant depuis cinq ans en marge de l'industrie de l'humour, Benjamin Marquis est parvenu à tisser discrètement sa toile au Québec et en France. Ses mimiques et son don de caméléon d'imiter différentes nationalités font de lui une sorte de personnage de BD, un peu comme l'a été Michel Courtemanche. Avec Suivez le guide!, présenté à Zoofest, il tente une percée dans la cour des grands.

L'humour et la convivialité, Benjamin Marquis tient ça de son père, un bon vivant qui anime les repas familiaux. Son côté artiste et théâtral lui vient de sa mère, ex-employée de l'ONF. Jeune, son père lui faisait imiter... les animaux de la ferme, ce qui lui a donné le goût de l'imitation.

«J'étais collé à la télévision à regarder Speedy Gonzalez et les autres dessins animés dont j'imitais les personnages, dit-il. L'humour dormait en moi. Mais j'ai fait sciences humaines au cégep Ahuntsic, c'était plate! Et ensuite des études de pub à l'UdeM puis un bac en animation culturelle à l'UQAM qui fut une révélation.»

À l'UQAM, il découvre l'impro et organise des fêtes. Il est dans son élément. En 2002, il participe à des spectacles étudiants au Club Soda, puis devient animateur tout en écrivant ses premiers gags. Fin 2003, il organise le spectacle de fin d'année de son bac. C'est un gros succès. Il sait maintenant où il s'en va.

«Je voulais retourner sur scène, mais pas aller à l'École de l'humour, car financièrement, je ne pouvais pas et je ne voulais pas revenir sur les bancs d'école. Alors, j'ai fait des boulots ici et là, en restauration notamment.»

Un jour de 2005, il tombe sur celle qui deviendra son agente-productrice, Annie Elkaim, qui a fait connaître Gad Elmaleh aux Québécois. Elle voyait Benjamin inter- agir avec les clients du restaurant et lui a demandé s'il voudrait faire de l'humour. Ça tombait bien, Benjamin était fan de Gad Elmaleh, tout comme des humoristes à l'humour physique tels que Michel Courtemanche, André-Philippe Gagnon ou Anthony Kavanagh.

Guide touristique

Il monte sur scène pour la première fois le 3 juillet 2007, dans la salle d'un restaurant d'Outremont. C'est le coup de foudre. Par la suite, il devient presque artiste en résidence au bar Parc des princes de l'avenue du Parc. «Ç'a été ma façon de prendre de l'expérience de la scène, tout en faisant des apparitions dans d'autres petites salles, en faisant du théâtre et du burlesque.»

Mais comme pour bien des humoristes de la relève, la scène ne paie pas assez. Du coup, il travaille 28 heures par semaine comme chef animateur au parc de l'Île-de-la-Visitation. L'animation est toujours sa passion. Il a d'ailleurs été guide touristique pour des visiteurs français pendant plusieurs années, leur faisant visiter le Québec d'un bout à l'autre de la province.

C'est cette activité qui lui a inspiré Suivez le guide!, le one-man-show qu'il présente à Zoofest et pour lequel Serge Postigo l'a aidé à la mise en scène.

«Je connais bien les Français grâce à ces expériences touristiques, mais aussi parce que j'ai grandi avec des voisins français, leurs heures de repas décalées, le goûter des enfants à 4h, etc. Et puis, je suis allé vendanger en France, j'ai visité toutes les régions de ce pays et j'ai joué en 2009 et 2010 à Paris et Marseille.»

Les touristes français, comme les touristes américains et asiatiques, sont donc très imités par Benjamin Marquis dans son spectacle, l'humoriste étant un véritable caméléon qui passe d'une nationalité à une autre.

Par contre, on n'y trouve pas d'humour politique ou engagé. Ce n'est pas son style. «Je suis là pour que les gens s'éclatent pendant une heure, dit-il. Je suis comme un performer, je raconte une histoire dans laquelle il y a des personnages et j'entraîne les gens dans mon histoire...»

Après Zoofest, Benjamin Marquis aimerait partir en tournée avec Suivez le guide! au Québec et en francophonie. «Je sais que ça va marcher, dit-il. Je l'ai joué dans des Club Med et ça marchait très bien. C'est un show qui parle à tout le monde.»

Conseil d'ami!

Sans enthousiasme, il s'inscrit au certificat en publicité à l'UdeM après avoir lu 99 Francs de Frédéric Beigbeder et va le rencontrer chez Renaud-Bray pour avoir une dédicace. «Je suis le dernier à passer, sa journée de signatures se termine, raconte Benjamin. Je lui dis bonjour et que j'ai tellement aimé son bouquin que je me suis lancé en publicité. Il écrit alors sur mon livre: «À Benjamin, celui qui n'a rien compris. Beigbeder»! » Autant dire que Benjamin a oublié la pub

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Benjamin Marquis dans Suivez le guide!, à la Balustrade du Monument-National du 21 au 25 juillet, à 20h45.