Louis C.K est monté sur les planches du Théâtre Maisonneuve jeudi soir devant un public conquis d'avance, déjà debout à son entrée sur scène.

L'humoriste le répète haut et fort : c'est une mauvaise personne. Mais c'est également assurément un excellent comédien.

Il surf entre l'absurdité et le surréalisme tout en ramenant toujours le public dans une zone d'inconfort, celle d'une réalité cruelle dont on ne peut s'empêcher de rire à gorge déployée.

S'il est si hilarant, c'est aussi parce qu'il nous oblige à nous moquer de nous même et d'admettre que nous sommes imparfaits.

Louis C.K prend son temps et semble avoir du plaisir sur scène, un plaisir contagieux que les spectateurs partagent avec beaucoup d'entrain.

Avec un humour incisif et intelligent, parfois vulgaire mais jamais obscène, il manie l'art de l'autofiction avec doigté et on se demande parfois quelle est la part de vérité dans ses sketchs.

Quand Louis C.K parle de sa chienne intoxiquée au chocolat noir qu'il essaye avec hystérie de faire vomir pour lui sauver la vie ou qu'il aborde la mauvaise éducation de certains parents qui « devraient être tués tout comme leur enfants «, on ne peut qu'apprécier son humour noir et décapant.

Un fin conteur qui a la capacité d'emmener le public sans jamais le perdre dans les bifurcations de son esprit. Un humoriste qui dit tout haut ce que nous gardons à l'intérieur par honte de l'avoir pensé un jour.

Irrévérencieux à souhait, Louis C.K. sait faire surgir le malaise et créer des moments de trouble. Un humoriste qui prouve qu'on peut rire de tout, même à propos de la petite fille qui crie « Goodbye Jews « dans La liste de Schindler!

Il n'est pas surprenant que Just For Laughs ait choisi de décerner aujourd'hui le prix de l'humoriste de l'année à Louis C.K. Ricky Gervais n'a peut-être pas tort, il se pourrait bien que Louis CK soit l'homme le plus drôle des États-Unis.