Russell Peters est sans doute l'humoriste le plus populaire au Canada anglais. Très connu aux États-Unis, il animera mercredi et jeudi soir quatre fois le gala Best Night Ever présenté à la Place des arts, dans le cadre de Just for Laughs.

«Russell Peters est un gars exceptionnel, dit Andy Nulman, président Festivals et Télévision à Juste pour rire. Il s'est construit, seul, sa carrière en démarrant à la base. Sans beaucoup de visibilité à la télévision, il a progressé petit à petit grâce à ses DVD et à un lien très fort avec son public. Quand tu arrives à faire ça, tu vas très loin.»

C'est vrai qu'il est allé très loin déjà Russell Peters. Selon le magazine Forbes, l'humoriste torontois d'origine indienne fait partie de la liste des dix comédiens les mieux payés aux États-Unis. Dix millions. À 40 ans.

Russell Peters adore Montréal. Il y est venu à maintes reprises, notamment quand il a participé une première fois à Just for Laughs en 1996. À l'époque, il avait dû payer son billet d'avion et se loger à ses frais.

«Je m'en foutais, dit-il à La Presse. J'étais juste content d'être là. Ça faisait seulement sept ans que je faisais du stand-up. Alors faire partie du festival Just for Laughs...big deal! Montréal a toujours été bon pour moi. J'aime cette ville. J'adore manger des sandwichs grillés à la Frite dorée mais je pense que ça a fermé, non?»

Animer pour la première fois un gala Just for Laughs ne l'inquiète pas du tout. Il adore faire ça. «Ça me donne l'opportunité de travailler avec des humoristes très très bons. Et à être aussi bon que je peux l'être! Plus mon invité est bon et meilleur je dois être. Tout un défi!»

Quatre shows Best Night Ever ont trouvé preneur pour remplir quatre fois la salle Wilfrid-Pelletier. Ça en dit long sur sa popularité. «Les artistes sont solides, dit-il, modeste. Je ne veux pas prendre tout le crédit. Mais c'est vrai que Montréal me soutient depuis le début et ça m'a pris deux décennies pour arriver où j'en suis.»

Il a invité des humoristes qui sont des amis et qui ont déjà travaillé avec lui: Jimmy Carr, Jeremy Hotz, Nick Thune, Dom Irrera et Sebastian Maniscalco. Et des surprises?

«On ne sait jamais, dit Russell Peters. Ce festival d'humour est le plus grand au monde mettant à l'affiche les meilleurs humoristes de la planète et ils sont tous en même temps à Montréal. On ne sait jamais ce qui peut arriver!»

La fin de semaine dernière, Russell Peters ne savait pas encore ce qu'il aborderait durant son show. «Je viens juste de sortir mon nouveau DVD, The Green Card Tour, alors je ne présente plus les numéros qui y sont. Je vais roder du nouveau stock. Quand je sors un DVD, c'est toujours une période un peu stressante.»

Alors? Aura-t-on droit à ses fameuses blagues ethniques et ses plaisanteries sur ce Canada qu'il se plaît souvent à décrire avec un mélange d'ironie et de respect?

«J'ai toujours dit que je ne serais pas où j'en suis si je n'avais pas vu le jour au Canada, dit-il. Les Canadiens ne sont pas tant sensibles au fait que je sois un Indien d'origine mais au fait que l'expérience d'immigration de ma famille ressemble beaucoup à la leur.»

Russell Peters n'a pas de supporters qu'au Canada anglais. Il en a aussi en francophonie. «Je reçois même des courriels de France et d'Afrique du nord où j'espère un jour présenter un spectacle.»

Pour l'instant, il mène de front sa carrière d'humoriste et celle d'acteur de cinéma. Est-ce la raison pour laquelle il habite aux États-Unis?

«Tu te souviens du temps qu'il fait ici en février?! J'habite à Vegas et Los Angeles surtout à cause du temps. Mais le Canada sera toujours mon chez-moi.»

Dans un récent article du National Post, il a déclaré qu'il était plus difficile de divertir un Canadien qu'un Américain. On y apprend aussi que les humoristes canadiens sont très recherchés aux États-Unis.

«Je pense que les Canadiens aiment regarder, réagit-il. Nous sommes les voisins du pays à priori le plus puissant du monde, donc nous sommes toujours en train de regarder ce qu'ils font, leurs nouvelles, leurs shows télévisés et leurs sports. On commente ce qu'ils font et on est influencés par ce qu'ils font. Nous observons. Comme le font les humoristes.»

Est-il satisfait de la progression de sa carrière d'humoriste? «Un jour, je serai vieux, dit-il. Les gens m'auront oublié et cela aura été ma progression dans ce monde.» Pas sûr que les gens oublient Russell Peters de sitôt. D'ailleurs, il sera intronisé au Canada Walk of Fame en octobre, en même temps que l'écrivain montréalais Mordecai Richler. Cet honneur lui fait plaisir mais il garde les pieds sur terre.

«Quand j'ai commencé ma carrière en 1989, je n'avais pas d'attente. Je voulais essayer quelque chose et voir comment ça évoluerait. 22 ans plus tard, je suis chanceux de pouvoir encore faire ça, Je n'aurais jamais pensé que tout ça arriverait dans ma vie. Je suis donc très reconnaissant par rapport à ce qui m'arrive. Le Walk of Fame est une autre de ces choses que la vie m'apporte et qui me rappellent combien j'ai été chanceux de faire ce métier.»