Son père s'appelle John, sa mère Margret, son frère David... «Moi, je m'appelle Hannibal et ça m'a privé de plusieurs aventures sexuelles. Les filles me demandent mon nom. Je dis "Hannibal" et elles disent: "Okay... bye!"»

Il est vrai que partager le nom du tueur en série du Silence des agneaux n'est sans doute pas la meilleure carte de visite... Et pourtant, Hannibal Buress a réussi à se frayer un chemin jusqu'à la petite scène du Théâtre Ste-Catherine, petite place sympa près de Sanguinet.

Le spectacle du New-Yorkais s'intitule The Hannibal Montanabal Experience et c'est là le seul concept: Hannibal parle de ses expériences de toutes natures et des gens, nombreux, qui lui tombent sur les rognons. Sans vraiment prioriser...

«Pourquoi ils nous appellent, nous les Noirs, des Afro-Américains? Je ne suis jamais allé en Afrique, esti! Mes parents et mes grands-parents non plus...» Jimmy Carter, 80 ans, serre-t-il la main de tous les passagers de l'avion? «Il se présente comme président ou quoi? Et qu'est-ce qui me dit que le gars de 4-B ne s'est pas gratté l'entrejambe avant de serrer la main de Jimmy Carter dont on aurait ignoré l'identité n'eût été ses trois gardes du corps? Qui veut tuer Jimmy Carter? Laissons le temps s'occuper de ça...»

Le caractère éminemment personnel des histoires de Hannibal - on apprend par exemple qu'il ne sniffe pas de cocaïne mais qu'il pratique l'onanisme - n'empêche aucunement le spectateur de faire certaines considérations ou de s'en servir comme tremplin à sa propre réflexion. Ainsi, comment ne pas réagir aux raisons pour lesquelles Hannibal Buress ne place rigoureusement jamais de serviette sur ses genoux quand il mange? «Parce que j'ai confiance en moi, explique-t-il. Je crois en ma capacité de ne pas m'asperger de sauce BBQ quand je mange du poulet!»

Par ailleurs, le comique - qui cache toujours un philosophe, faut-il le rappeler? - n'a aucune difficulté à passer du particulier au général et à mettre son auditoire devant quelques vérités essentielles. Comme celle-ci: Hannibal a découvert que le fait de se mettre une poubelle sur la tête - il a vu ça dans un spectacle ici même à Montréal - contribuait à réduire la vision périphérique «de près de 100%». Occupé à explorer les limites de l'intelligence de son téléphone, l'homme moyen oublie facilement ces choses: le voilà, un lundi soir tout ce qu'il y a d'ordinaire, avec une poubelle sur la tête et puis, paf! c'est l'accident.